Antoine Dole m’avait tellement impressionné avec « Á copier 100 fois » que je me suis lancé avec une certaine gourmandise dans son tout nouveau roman.

« Je m’appelle Lola, et c’est à peu près tout ce qu’il y a à savoir. Á peu près au moment où les choses ont commencé à mal tourner entre mes parents, j’ai découvert sur internet que mon prénom vient de l’espagnol Dolores, qui signifie « douleur ». La mauvaise graine dans la mauvaise terre, la mauvaise fille pour les mauvais parents. »

Lola trimballe avec elle une colère permanente. Contre ses profs, contre ses camarades de classe, contre ses parents qui ont décidé de se séparer. Contre la terre entière en fait. Une goutte d’eau et le vase déborde. Lola fugue. Elle erre et se retrouve par hasard chez Colette, vieille dame vivant seule dans un appartement insalubre. Colette perd la boule, elle baptise Lola Anna, la considère comme une invitée ou comme une intruse. Peu à peu, Lola et Colette vont s’apprivoiser. Malgré une cohabitation peu évidente, des échanges parfois confus et une vraie difficulté à communiquer, la mamie et l’adolescente basculent peu à peu vers ce que l’on pourrait sans crainte appeler de la tendresse.

Deux femmes en crise, deux femmes désorientées, deux solitudes. Le récit alterne les chapitres à la première personne où Lola remonte le fil des événements l’ayant conduit chez la vieille dame et ceux à la troisième personne dans le huis clos de l’appartement. Phrases courtes, rage au ventre et au cœur, le lecteur navigue entre la voix intime de Lola et une narration extérieure permettant de prendre un certain recul.

L’ensemble est percutant mais ne tient pas vraiment la comparaison avec « Á copier 100 fois ». Je trouve que l’on insiste trop lourdement sur la douleur de Lola, que l’on enfonce le clou de son mal être avec de gros sabots ce qui, au final, dessert le propos. En fait j’aurais aimé un texte plus ramassé sur lui-même, plus elliptique peut-être. Un effet coup de poing, quoi, un uppercut qui vous laisse groggy. Là, j’ai l’impression qu’il y a des mots en trop, que l’on cherche à tout prix à faire vibrer la corde sensible mais sans finesse. Et pourtant l’écriture d’Antoine Dole garde une patte, une identité qui me plait beaucoup. C’est juste que, sur ce coup-là, trop de pathos tue l’émotion.
jerome60
6
Écrit par

Créée

le 13 févr. 2014

Critique lue 196 fois

1 j'aime

jerome60

Écrit par

Critique lue 196 fois

1

D'autres avis sur Ce qui ne nous tue pas

Ce qui ne nous tue pas
jerome60
6

Critique de Ce qui ne nous tue pas par jerome60

Antoine Dole m’avait tellement impressionné avec « Á copier 100 fois » que je me suis lancé avec une certaine gourmandise dans son tout nouveau roman. « Je m’appelle Lola, et c’est à peu près tout ce...

le 13 févr. 2014

1 j'aime

Ce qui ne nous tue pas
vbmononoke
3

Critique de Ce qui ne nous tue pas par vbmononoke

Thèmes : fugue, divorce, amitié jeune-personne âgée, personne isolée. Points forts: Le personnage de Colette, point lumineux dans ce roman sombre. Points faibles : Roman trop sombre justement, à la...

le 21 déc. 2014

Du même critique

Dans les forêts de Sibérie
jerome60
8

http://litterature-a-blog.blogspot.com/2011/12/dans-les-forets-de-siberie-calendrier.html

Sylvain Tesson s'est fait un serment : avant ses 40 ans, il vivra plusieurs mois dans une cabane. Direction donc le fin fond de la Russie, sur les bords du lac Baïkal. De février à juillet 2010,...

le 17 déc. 2011

32 j'aime

1

Le Guide du mauvais père, tome 1
jerome60
7

Critique de Le Guide du mauvais père, tome 1 par jerome60

- Papa ! C'est quoi la pénétration ? - La pénétration c'est quand le monsieur est sexuellement excité et que son pénis devient tout dur. Ça s'appelle une érection. Ensuite le monsieur fait entrer son...

le 5 janv. 2013

27 j'aime

1