A chaque fois que Laurent Martin commet un bouquin, je suis là pour assurer le service de presse, à l’œil. Ca fait un peu suspect, modèle fayot qui porte le cartable du prof. Le père Laurent pourrait écrire une liste de course, à son percepteur, corriger une copie que je lui trouverais du génie. Il fallait que je me ressaisisse.
Voilà qu’aujourd’hui, il se met à pondre un Poulpe. Le fils caché de JB Pouy, avec ses grands bras, l’anar de service, le redresseur de tort dans une petite centaine de bouquins, qui vont du meilleur au pire. Laurent Martin va-t-il échouer dans cet exercice de style imposé ?
D’emblée, l’auteur décide d’envoyer le Poulpe faire pénitence dans un monastère. L’idée amusante a un peu du mal à s’imposer. Elle sent tant la structure, l’idée simple de mettre dans un lieu improbable un personnage libertaire, alcolo et si plein de perversité aux yeux prudes de l’Eglise. L’inverse de « mon curé chez les nudistes ». Pour autant, passé les trente, quarante pages d’intro, d’installation, le principe commence à fonctionner, le rythme s’accélère. L’humour devient efficace. Une intrigue se met en place rapidement, imposant à Gabriel de reprendre du service. C’est convenu au maximum, mais c’est fait dans le respect du genre. L’AOC du Poulpe.
Si le livre est écrit à une seule main, en dilettante, à l’image du musicien virtuose obligé de cachetonner dans des pianos-bars. Laurent Martin montre qu’il est capable d’écrire avec une facilité déconcertante. Sans s’impliquer vraiment, mais sans trop faire du remplissage. Il s’amuse visiblement, le lecteur aussi. Le contrat est rempli.
Merde, j’ai encore dit du bien de Laurent.