L’obsession est aussi destructrice que la relation toxique.

C’est avec son dernier livre que je fais connaissance avec la plume de Sandrine Colette, en format audio. Un format que je voulais tester depuis quelques années, même si j’avais déjà écouté des extraits, c’est le premier que je termine.


Au début, j’ai été assez déstabilisée par la voix de la narratrice, Marie Bouvet, que je trouvais monocorde, basse et finalement sa voix et le ton utilisé sont, bien contraire, raccord à l’intrigue. Elle arrive à donner vie au personnage, à faire éclore ses sentiments pour que l’on s’imprègne du livre.


Sandrine Colette, use de la thématique de la violence subie par les femmes, mais en la prenant à contresens, puisqu’elle le fait par le biais de la reconstruction. J’ai d’ailleurs trouvé cela très intéressant, car il ne suffit pas de fuir ces relations toxiques, pour que tout rentre dans l’ordre. Il faut souvent des mois, des années, pour s’extraire de la peur, du manque de confiance et commencer à se reconstruire.


La plume de l’auteure est concise et incisive et ne s’embarrasse pas de longues descriptions, ce qui rend le sujet encore plus réel, palpable. Le phrasé court, aurait pu entraîner une cassure dans la fluidité du récit, or, il n’en est rien, cela donne au contraire un certain dynamisme, une tonalité où l’angoisse et les interrogations du personnage prennent une dimension où la redondance, parfois, met le doigt sur la peur viscérale qui continue à la poursuivre malgré sa fuite. Clémence a quitté Thomas, elle s’est échappé des griffes d’un manipulateur, pervers, mais elle continue de le voir, de le sentir. Elle sent qu’il l’épie, elle sait qu’il va la retrouver… L’obsession est aussi destructrice que la relation toxique. Entre la plume de Sandrine Colette et la voix de Marie Bouvet, cette tension est palpable et donne toute sa dimension à cette histoire.


On pourrait parfois penser que Clémence ressasse sa douleur, sa peur, mais il faut avoir à l’esprit que sortir d’une relation toxique ne se fait pas du jour au lendemain, que c’est une reconstruction et je dirais même une nouvelle construction. Ce genre de relation toxique, détruit tout ce qui fait que l’on est, pour devenir une autre personne.


Suis-je sortie de cette expérience convaincue ? J’ai toujours hésité à me lancer dans ce format, mais ayant mille choses à faire, je me suis dit que c’était un bon moyen pour continuer à « lire ». J’ai apprécié l’écoute de ce livre, et c’est la narration qui lui donne tout son sel. En revanche, impossible de faire autre chose, et cette sensation de passivité, m’a vraiment dérangé.


Pour se faire un réel avis, il faut que j’en écoute d’autres. J’en ai d’ailleurs deux autres en attente, dans des genres totalement différents. Certains genres doivent se prêter plus volontiers à l’audio, je ne sais pas. Mais je vous en parlerais.


https://julitlesmots.com/2021/07/12/ces-orages-la-de-sandrine-collette-lu-par-marie-bouvet/

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le 19 août 2021

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