Christine ne m'a pas fait l'effet qu'elle a fait à Arnie, du moins pas tout de suite. Il m'a fallut du temps avant de tomber sous son emprise, envion deux cent pages (la moitié du bouquin). J'ai constaté que j'avais réellement plongé dans ce roman dès le moment où c'est devenu violent. Je comprends que le King ait eu besoin de nous mettre en confiance avant de nous vendre sa voiture hantée - question de réalisme - mais cette contextualisation et installation de la situation est peut-être quand même un peu longue...


Soit ! Au-delà d'un bon vieu roman horrifique fantastique, Christine c'est aussi un thriller psychologique. A quel point Arnie se voit changer à cause de cette voiture démoniaque ? Le narrateur, Dennis qui raconte les faits, nous donne l'impression qu'Arnie est comme sous le charme d'un amour impossible et fusionnel, un truc qui ne s'explique pas et qui est plus fort que tout. Je me suis demandée si King n'essayait pas de nous dire que l'amour rend fou (au cas où on ne l'aurait encore jamais vécu, ou au cas où on nierait cette réalité). Leigh Cabot n'est qu'une fille, et à côté de Christine, elle n'est rien, même si Arnie tente de se convaincre du contraire. Il est possédé par le véhicule rouge comme le diable qui l'habite, comme le sang qu'elle voudrait faire couler. Et on en veut à Arnie de ne pas ouvrir les yeux. Mais le pauvre, pour une fois qu'il se sort les doigts du cul !


Pour une fois qu'il n'est plus la victime mais le... bourreau. La roue (de la Pymouth) tourne, et c'est difficile à dire mais il aurait peut-être mieux valu que le frein à main reste bien serré pour le coup.


Encore une fois, le rock est très présent dans l'oeuvre de King, et peut-être plus que dans n'importe lequel de ses romans. Un extrait de paroles de chanson pour chacun des quarante-six chapitres. Chaques fois, les paroles évoquent quelque chose qui se vérifie dans le chapitre ou bien elles font référence à une voiture. C'est comme une mise en abyme : Arnie est dans Christine (je parle toujours de la Plymouth, bande de "merdeux"), il entend des vieux tubes des années cinquante. Nous lecteurs, sommes je ne sais où (mais sûrement pas au volant en trian de lire, je l'espère) et nous lisons de vieilles chansons rock du même temps... C'est la façon qu'à l'auteur de nous plonger, de manière un peu forcée, dans ce monde tordu. N'est-ce pas exactement ce que Christine inflige à ses passagers ? Il a beau insister lourdement, nous aimons que l'auteur se donne du mal à faire quelque chose de recherché, d'original. Personnellement, j'aime bien.


J'avoue avoir quand même du mal à parler de ce livre. Peut-être que le fait d'avoir visionné le film avant sans l'avoir vraiment apprécié a fait que je me suis lancée dans le bouquin la tête pleine de préjugers... C'est aussi sûrement ce qui explique le fait que je n'ai pas apprécié la première partie du roman du fait que je connaissais déjà le fil rouge de l'histoire. En y repensant, le film est une adaptation fidèle mais tellement pauvre... Bref !


Pour finir sur une note positive, je voudrais insister sur l'ambiance du livre à cheval entre le comique et l'épouvante. Le brouillard a tendance à flouter la légèreté des vies que mènent ces lycéens. C'est ce qui rend le bouquin malsaint : la nuit, toujours les mêmes décors qui se succèdent (Garage Darnel, Maison Cunningham, Lycée, Christine), les hallucinations, les cauchemars, les rugissement de moteurs, et aussi les odeurs... "Comme odeur, on ne fait pas mieux, pas vrai ? Il n'y en a pas de meilleure... sauf celle de la minette."

abauteure
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le 24 oct. 2018

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