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J'ai abordé ce roman comme un "récit d'horreur".
Pour commencer, j'ai de gros doutes sur la pertinence de cette catégorie. Les catégories littéraires reposent habituellement sur une caractéristique objective ; l'horreur, au contraire, fait référence à la réaction du lecteur, qui peut être bien variable.
Si l'on veut définir une catégorie "horreur", soit, mais laissez-moi y ranger un paquet de tragédies dedans, les romans gothiques, quelques poèmes, du Bernanos, du Sade, du Céline... C'est trop vaste et pas assez précis.
Alors comment désigner ce roman ? "Science fiction" conviendrait ? Il me semble. Mais évidemment ça se discute.
Science fiction, donc (ouf, je suis d'accord avec moi-même).
Quels sont les termes récurrents qui me frappent ? "blasphématoire, damnable, religieux, miséricorde",
mais aussi "hideux" et tout ce qui y ressemble,
et enfin "indicible" et ses synonymes.
Tout cela provient d'un narrateur qui, lui, est vraiment submergé par l'horreur, depuis le début du récit jusqu'à sa dernière ligne. Or, je sais que Lovecraft est fortement athée.
Qu'en déduis-je ? J'en déduis que le seul à vivre l'horreur, ici, c'est le narrateur, et momentanément son correspondant lettré montagnard. Il faut être dans l'illusion de l'anthropocentrisme si cher à nos religions pour subir un malaise à la découverte d'un univers peuplé, puissant, indifférent aux microbes que nous sommes.
Une fois cette illusion mise à part, que reste-t-il ? Ce roman nous raconte qu'il y a des êtres extaterrestres qui récupèrent sur notre planète un minerai dont ils ont besoin, qui le font sans nous déranger, et qui, quand nous entrons en contact avec eux, nous offrent des voyages intersidéraux gratuits. Ça va, non ? Plutôt aimables, finalement. Vu comme ça, ce n'est un récit d'horreur que du point de vue de celui qui s'imagine encore au centre d'astres veillant à sa naissance comme de bonnes fées, et à sa destinée comme de bons anges.
C'est, radicalement, la peur de la nouveauté qui est illustrée, et bien pathétique est celui qui s'est conçu important par ignorance.
Pour le dire autrement, pour Lovecraft, nous sommes encore bien enfoncés dans le jardin d'Éden, et les Grands Anciens et leurs potes sont de nouveaux lucifers, les porteurs de lumière qui provoquent le trouble d'une connaissance plus vaste. Humanité, tu peux au choix rester en boule dans tes innocentes fleurs, ou sortir et aller à la rencontre d'Autres radicaux, mais attention : il n'y a pas de monstre à affronter, seulement ton orgueil de créature qui s'est crue centrale à sacrifier.

pobbywatson
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le 28 août 2020

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