Bordel.

Je crois que je n'ai jamais autant haï un bouquin de toute ma vie. Pire, j'ai du me forcer à le finir, j'ai du me forcer à tourner les pages de ce satané ramassis de niaiseries, de cet immonde et putride tas de m... Mots. E. L. James, soit gentille : La prochaine fois que tu songes à écrire un bouquin, tire-toi une balle dans la bouche.

Je n'arrive pas à croire que l'on ait pu publier cette chose. Et je n'arrive encore moins à croire que cette idiotie ait eu un tel succès ! Mon dieu, mais de qui se moque-t-on ? Ce n'est pas de la littérature ! C'est à peine suffisant pour me servir de paillasson !

Je déteste ce bouquin. Sincèrement. Pour l'écriture, d'abord. Pour le vocabulaire tellement pauvre et usité qu'il revient presque à chaque page. Christian fronce les sourcils et Ana se mord la lèvre. A-t-on réellement besoin de le relire à chaque phrase ? Et je ne parle pas de la merveille de technologie pour désigner le Mac ou le "là" pour son sexe. Sincèrement ? Ne pas nommer la vulve ou le vagin alors qu'on écrit une histoire de cul ? Seriously ?

Mais ce n'est pas la principale tare de cet étron, ah, ça non. On va s'attaquer aux scènes de sexe maintenant. Ana, Ana, Ana. Faudra me donner ton truc. Parce que jouir à chaque effleurement de ton copai... Me... De ton maître, je ne pensais pas ça possible. Alors je veux bien, Cricri baise comme un dieu. M'enfin, y a des limites ! À chacun de ses gestes, les muscles de ton ventre se contractent et se déroulent. C'est assez impressionnant et je te conseille de consulter. Et puis faudrait aussi parler de la rapidité avec laquelle Cricri vient. Deux positions, trois coups de rein et puis s'en va ? Faudrait qu'il apprenne à se réguler, le petit. De plus c'est quoi cette manière dont Ana a de vivre le sexe ?? Combien de fois elle a répété qu'elle était dévergondée, qu'elle ne se respectait pas, que les propositions de Cricri étaient vicieuses ? C'est quoi le message là ? Si tu aimes le sexe et que tu es à l'aise avec ton corps, alors t'es une putain ? Wow. Mais le pire n'est pas là... Au non...

Le pire, voilà on y arrive. Le pire c'est le sexisme, la culture du viol, la misandrie et la façon dont les femmes sont traitées qui transpirent de ton histoire. C'est assez dingue !

D'abord, on va rapidement passer sur la vision du BDSM comme quelque chose de pervers, de malsain, que les gens pratiquent parce qu'ils sont traumatisés. Désolée les pratiquants, on vient de vous chier à la gueule de façon spectaculaire. J'ai beaucoup aimé personnellement lorsque Cricreepy a avoué à Ana qu'il adorait fouetter les brunes parce qu'il s'imaginait ainsi fouetter sa mère. Il y a tellement de problème dans cette phrase que je n'ai juste pas envie de m'y attarder. Mais on va quand même soulever un petit problème oedipien non résolu, pas vrai ? Oui, on va faire ça.

Mais sans parler de ça, non le BDSM ce n'est pas ça. Ce n'est pas proposer un contrat chiant à mourir avec des clauses totalement fantasques et arbitraires. Le BDSM se déroule dans une chambre, point. Lorsque les pratiquants sortent de ce lieu, il n'y a plus de soumis et de dominant et personne ne surveille la bouffe de personne, ni qui ils fréquentent, ni combien de temps ils dorment et n'imposent pas plusieurs heures de sport par semaine ! Et de même, on ne stalke pas les gens, Cricreepy ! Ça ne se fait pas ! Non seulement ça ne se fait pas mais j'aurais appelé les flics depuis longtemps.

Franchement. E. L. James... Comment t'as pu écrire un truc pareil ? Je te le demande parce que je suis perdue. Comment, toi, en tant que femme, peux-tu trouver ça excitant quelqu'un qui t'explique que s'il te frappe c'est pour te dresser ? Te dresser ?? Comment peux-tu envisager un seul instant que d'écrire un viol peut être excitant ?

Ah oui, non, parce que j'ai oublié de préciser : Cricri la viole régulièrement dans ce bouquin hein. Une première fois en la frappant et en faisant pression pour qu'elle accepte. La deuxième fois, lorsqu'il lui a expliqué que puisqu'elle voulait aller voir sa mère et qu'elle avait refusé qu'il lui touche la chatte en plein diner avec sa famille, il allait la baiser vite, pour son plaisir et qu'il lui interdisait de prendre le sien. Et bon, il n'y avait pas tellement de notion de consentement hein. Vu qu'elle n'avait pas le choix de refuser.

Si seulement c'était tout... Mais non. Cinquante Nuances (sérieux...) est un grand psychopathe. Il la stalke, la frappe dès qu'elle l'énerve, aime quand elle a mal ("j'aime quand je te fais mal... Ça te rappelle que je suis passé par là et seulement moi." ...) sans compter la façon dont il l'a déflorée et l'a fait saigner. Bien, bien, mec. Si jamais quelqu'un ose me faire ne serait-ce qu'un dixième de ce que lui fait ce connard, je lui enfonce mon pied dans la gueule, lui arrache les couilles et les lui fait manger.

En fait, plus j'y pense, plus j'ai l'impression d'avoir lu un livre sur les violences conjugales où l'on dresse la soumise, lui force la main, où ses moindres gestes sont surveillés et où elle même a peur de la réaction de son dominant. Mais le problème c'est qu'on vend cela comme une histoire d'amour, histoire d'amour enviable pour des centaines de jeunes filles et moins jeunes. Et peut être même quelques garçons.

Et je ne parle même pas de la façon tout à fait dégueulasse dont sont dépeints les personnes autour d'elles. Les garçons sont là pour la désirer et vouloir coucher avec elle, avec ou sans son consentement (José, bonjour !) et les filles pour rougir bêtement devant Grey ou être des bonasses abruties (Coucou Kate !) Et je ne parle pas de l'homophobie, de la putophobie, du sexisme dont ce bouquin dégouline.

Alors, E. L. James, tu t'es défendue de toutes ces accusations en expliquant que ton bouquin est un fantasme, point. Mais ce n'est pas aussi simple. Ma chère E. L., rappelle-toi que tu as écrit cette bouse sur fanfiction.net. Et connaissant ce site, je connais aussi la population qui le peuplent et on parle plutôt de jeunes femmes, voir très jeunes femmes. Et ce livre leur apprend quoi ? Qu'un homme peut être abusif ? Qu'une femme est forcément douce et passive ? Que le sexe doit être classique, sinon il y a un problème ? Qu'être habillée comme on veut, qu'assumer son corps, c'est être une pute ? Non. E. L. James, t'as écrit ton fantasme, très bien. On te publie ? Encore mieux ! Façon, c'est qu'un bouquin pas vrai ?

Mais ma chère, les choses ne se passent pas ainsi. Ce bouquin va forcément influencer des gens, jeunes surtout. Et ce bouquin va leur donner une idée faussée de la sexualité et des rapports humains et amoureux. Pire, la vision que va leur en donner ce livre est simplement nauséabonde. Et franchement, c'est juste ta faute.

Alors E. L. James, la prochaine fois que tu veux écrire un bouquin, rappelle-toi de ne pas le faire. Je t'en supplie. Pour épargner ce que tu n'as pas déjà détruit.