Claude Gueux était un personnage réel. Issu d'une famille pauvre de la Côte d'or, il fut incarcéré à plusieurs reprises pour de petits délits puis à huit ans de prison pour le vol d'un cheval en 1829. Il fit la connaissance de Felix Legrand surnommé Albin avec qui il entretint une relation homosexuelle. Il tua le gardien chef Delacelle en 1831. Condamné à mort pour ce crime, il fut guillotiné en juin 1832. Victor Hugo n'eut connaissance de ce fait divers que deux ans plus tard.
Cette courte nouvelle raconte les circonstances de l'incarcération de Claude Gueux, pauvre ouvrier vivant à Paris avec sa maîtresse et un enfant. Il vola pour leur procurer du pain et du feu et il écopa de cinq ans de prison à la Maison centrale de Clairvaux. Dans l'atelier où il fut affecté à un travail, il acquit un ascendant singulier sur tous ses compagnons. Albin, son co-détenu, lui proposa de partager sa portion de nourriture alors que la sienne ne lui suffisait pas et une étroite amitié se noua entre eux. Le directeur de l'atelier décida de changer Albin de quartier et les réclamations de Claude Gueux ne le firent pas revenir sur cette décision. Méprisé, humilié par le directeur, Claude Gueux prit ses 82 co-détenus à parti et leur annonça la condamnation à mort qu'il avait portée à l'encontre du directeur de l'atelier. Il distribua tout ce qu'il possédait et tua le directeur avant de tenter de se suicider. Lors de son procès il apparut comme un monstre et fut condamné à mort. Son pourvoi fut rejeté.Le livre raconte son exécution et interroge le lecteur sur la notion de culpabilité, la place dans la société, de l'éducation, de la pénalité. Victor Hugo s'interroge sur les réponses apportées par les lois aux souffrances du peuple et sur leur adaptation aux mœurs. Il propose d'augmenter le nombre de maîtres d'écoles et de diminuer le nombre de bourreaux. C'est une critique du fonctionnement de la société qui peut transformer des hommes honnêtes en meurtriers ayant presque la valeur d'un discours contre la peine de mort.