Gloire et décadence d'un dealer. Un pitch classique qu'on retrouve dans ce Corner Boy qui créa un certain remous dans les milieux conservateurs US lorsqu'il reçu un prix littéraire prestigieux (1957) ; un roman aux atours amoraux explorant un univers mafieux noir qui deviendra vite un motif récurrent de la culture urbaine américaine. Sous l'angle d'une chronique réaliste s'expose la vie du charismatique Jake, dealer de sa ville de province, usant sa jeunesse de façon nonchalante auprès de ses amis, alignant les billets, belles fringues, décapotables et autres conquêtes. L'arrière fond « stupéfiant » et social reste en fait assez anecdotique, surtout un prétexte à décrire une vie de coins de rue, de bars et tripots où l'auteur s'attache aux basques d'une jeunesse noire encore insouciante, avide de fête et de musique qui finira par se heurter à la barrière des préjugés raciaux. Une thématique raciale centrale qui peine pourtant à imprégner pleinement le drame, à l'image de son final au développement abrupt gâchant un beau potentiel dramatique. Reste avant tout une peinture d'une époque et d'un milieu, d'une poignée de personnage qui au sortir de l'adolescence se confrontent au monde, aux responsabilités et au sexe opposé. Une vision qui manque quelque peu d'âme et de substance, alignant des épisodes souvent génériques autour de personnages attachants mais sans grande épaisseur, se perdant dans des épisodes sentimentaux un peu vains. On retiendra surtout quelques beaux moments pathétiques, froids et réalistes, ainsi qu'une évocation vibrante du jazz qui transpire, elle, la passion de son auteur.
Gewurztraminer
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le 15 oct. 2011

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