Coulez mes larmes, dit le policier par Diothyme
Jason Taverner est une star de la télévision, 42 ans, un physique plus qu'agréable et une voix en or, il anime tout les mardis soirs un show suivi par trente millions de téléspectateurs. Il vit une histoire d'amour tumultueuse avec une vedette de la chanson souvent invitée à son émission: Heather Hart, une belle rousse qui fuit ses fans comme la peste. Tout deux ont un point commun surprenant, ce sont des six, le fruit d'une expérience génétique vouée à créer des surhommes dotés d'une intelligence et d'un physique hors norme. En effet, le monde où vivent les protagonistes est futuriste, on s'y déplace à bord d'aéromobiles et le pays est régi par un ordre policier qui déporte des légions d'étudiants rebelles dans des camps de travail. Un soir Jason décide d'emmener Heather dans son pied-à-terre de Zurich quand il reçoit l'appel d'une groupie dont il avait essayé de faire décoller la carrière malgré un manque évident de talent. Cette dernière le harcèle pour qu'il vienne immédiatement à son domicile pour une affaire urgente, craignant de l'avoir mise enceinte, il abdique et se rend chez la demoiselle. A son arrivée elle se jette sur lui comme une furie armée d'un sac plastique d'où sort une espèce de monstre spongieux appelé "calisto" dont les cinquante tentacules vinrent s'enfoncer dans la poitrine de la célébrité. Celui-ci ne perd pas son sang froid et vide une bouteille d'alcool sur le monstre, sachant qu'il y succombera, mais très vite il tombe dans les pommes et est emmené directement à l'hôpital afin que les médecins retirent les tubes suceurs qui étaient restés dans son torse. Quand il se réveille à nouveau, il se trouve dans une chambre d'hôtel miteuse, n'ayant aucun souvenir de comment il est arrivé là. Petit à petit il se rend compte qu'il a complètement disparu du monde, son programme n'apparaît plus dans le programme télé et plus aucun de ses amis ne le reconnait. Mais Jason est un six, il va se battre bec et ongles pour récupérer sa vie perdue.
Il faut croire que la perte d'identité est un sujet qui passionne les écrivains contemporains, déjà dans Nerverwhere, le héros se retrouve confronté à la même situation, et dans une moindre mesure dans Talk Talk. Cependant ces deux ouvrages traitent de ce sujet bien plus intelligemment que celui de Philip K. Dick, la résolution de la disparition de la vie du héros est tellement capillotractée qu'elle en semble avoir été bâclée, comme si l'auteur avait écrit le livre sans y réfléchir au préalable et s'était trouvé à la fin à devoir trouver une solution. Il est vrai que n'étant pas très férue de science fiction je n'ai pas une grande objectivité pour juger les romans de cet auteur. Pourtant il a été un des seuls à m'étonner, après avoir lu Le maître du haut château, Ubik, ou le fameux Blade runner, j'ai cru qu'il y avait un réel potentiel dans cette littérature, mais dès qu'on me parle de voyages intersidéraux ou dans le temps, ça m'ennuie. Cet ouvrage est inconnu du public, et à raison il me semble, il prend des recettes à succès de l'auteur et de ses confrères (les mondes parallèles, les paysages futuristes caricaturaux, les états policiers...), pour les insérer dans un miasme de scénario. Les personnages ont de longues discutions philosophiques sur l'amour et le destin pillées en long et en large dans les classiques, notamment le Banquet de Platon. Coulez mes larmes[...], une imposture derrière un beau titre, d'un auteur qui nous a habitués à mieux.