La première fois que j'ai tenu ce livre, j'étais en CM2. Nostalgie.
Il y a toujours, dans la vie d'un lecteur, un livre qui justifie la passion des mots. Chez moi, le premier livre fut Croc-Blanc. Bien avant le film d'animation, je me suis attaqué à ce chef d'oeuvre sous la contrainte de mon institutrice de l'époque. J'étais à l'époque loin d'être le passionné de littérature que je suis aujourd'hui. Aussi, il fallait une une passion telle que celle que Jack London insuffla à ses mots pour m'attirer sur cette merveille de la littérature.
Initialement publié en 1906 aux U.S, Croc-Blanc bénéficia d'une version plus légère pour sa publication en France en 1923 puis de nombreuses adaptations cinématographiques et télévisés.
Le livre raconte l'histoire de Croc-Blanc, un chien-loup. De la meute sauvage à la vie de chien avec les indiens et les autochtones du grand Nord Américain.
Résumé BABELIO :
« Dans le Grand Nord sauvage et glacé, un jeune loup apprend à lutter
pour la vie. Les premiers hommes qu'il rencontre, des Indiens, le
baptisent Croc-Blanc. Auprès d'eux, il connaît la chaleur du feu de
camp, mais aussi le goût du sang. Racheté par un Blanc cupide, il est
dressé pour le combat et découvre la haine. Un homme pourtant le sauve
de cet enfer. Croc-Blanc lui vouera un amour exclusif.»
La nostalgie m'a donc amené à re-lire cette merveille de Jack London.
A l'époque, la souffrance animale était loin d'être un sujet de pré-occupation. Je me demandais alors si j'aurais une sensibilité différente par rapport à ma lecture, Croc-Blanc parlant à de multiples reprises de celle-ci.
C'est avec force que Jack London décrit la vie terrible de Croc-Blanc, le chien loup, qui ne connaît durant sa vie que la brutalité. La brutalité animale, d'une part mais aussi la brutalité humaine.
Je pense que c'est ici la force de ce livre. Jack London n'épargne jamais le lecteur. Il fait évoluer ses personnages dans un monde difficile, dans un monde dur où le repos équivaut à la mort. Et c'est avec grâce qu'il pose une très bonne (et pertinente) comparaison entre deux brutalités. Différentes mais similaires.
Le livre ne respire pas les bons sentiments. On parle d'injustice. Jack London a un talent inégalé pour faire ressentir la violence à son lecteur. Au final, je me demande presque comment un grand sensible comme moi a pu terminer sa lecture. Probablement par le fait qu'on ne peut s'arrêter en plein milieu. On est happé dans le récit avec force. Et c'est là le tour de force de l'auteur. Un livre épuré et violent, mais qui avance une extravagante notion de justice. Celle de la nature. Celle de la survie.
Et pour ça, bravo Jack London.
Note de lecteur : 8/10
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