L'Espagne pendant la période franquiste à travers des polars.

Premier tome d'une série de romans policier*, on assiste au dernier cas de l'inspecteur Miquel Mascarell 4 jours avant l'entrée de l'armée de Franco à Barcelone, le 26 Janvier 1939.
Autant le dire tout de suite, l'intrigue policière n'est pas ce qui motive l'auteur. Elle est basique, tant au niveau de l'enquête elle-même (l'inspecteur va voir machin qui le conduit vers bidule qui le conduit vers tartempion) que de sa résolution. Donc, une ancienne prostituée demande à l'inspecteur de retrouver sa fille de 15 ans disparue depuis 2 jours. L'inspecteur se sent obligé de la rechercher malgré la situation: il est le dernier policer présent à Barcelone, tous les autres ayant fuit pour échapper à leur très probable exécution. Lui reste car sa femme est mourante et est physiquement incapable de prendre le chemin de la frontière avec la France. Il ne se fait pas d'illusion quant à son devenir à lui sous le nouveau régime mais ne peut se résoudre à abandonner sa femme.
Le bouquin accumule les éléments de désespoir: Mascarell a un fils qui est mort à la guerre, il n'y a plus rien a manger dans la ville, il n'y a plus rien pour se chauffer, l'armée franquiste est aux portes de la ville et les habitants se demandent pourquoi encore vivre. Et c'est le centre du bouquin: la vie à la fin d'une guerre civile lorsqu'on est du côté des perdants.
L'auteur fait très bien ce qu'il se donne à faire: on rigole peu et on sent bien le désespoir qui colle à tout: à la ville, aux habitants et aux actions. Comme c'est ce que j'étais venu chercher, je n'ai pas été déçu. Si l'enquête aurait pu être un peu plus palpitante, ce n'est pas très important. Ça pose bien les bases pour une série et on peut espérer d'autres meilleures par la suite. Aussi, je me serais bien passé de la petite propagande catalane: ce sont les derniers résistants (alors que Madrid sera prise en Mars ainsi que des villes d'Andalousie), le rappel du siège de 1714, pour bien marquer que la Catalogne est différente du reste de l'Espagne.
L'écriture est plutôt informative, il n'y a pas de velléités poétiques. Cela n'empêche pas l'émotion (les familles qui se séparent) et elle renforce le sentiment de réalité. Pas mal de dialogues --là où l'auteur se permet de l'humour-- ce qui fait que ça se lit plutôt rapidement.
Première approche positive qui donne envie de continuer.

*9 tomes pour le moment