Une première que ce défilé de lingerie avec le bikini en vedette. C'est le but de la collection Incipt dont ce court roman fait partie que de parler des premières fois. Je ne connais pas l'auteure, ne l'ai jamais lue et si je ne suis pas totalement conquis, j'ai bien aimé sa manière de s'approprier la petite et la grande histoire qui constitue le contexte réel du roman et de le mêler à ses personnages de fiction. C'est bien fait, parfois malheureusement malhabile ou peu fluide, comme lorsque Antoine raconte son expérience de maquisard dans l'Ain et qu'il énumère les noms des créateurs du réseau de Résistance auquel il appartenait, le mouvement Espoir (p.58/59), ça ne fait pas très "dialogue" à l'oreille en plein milieu d'un défilé, on est plutôt dans la volonté de placer des références, de rendre hommage à certains combattants, ce qui est louable, mais ça manque d'articulation. De même, la romancière jette ça et là des noms de gens qui ont plus ou moins collaboré ou ont au moins fait preuve de complaisance à l'égard des nazis, comme "Danielle Darrieux, la célèbre "D.D." qui travaillait pour la Continental société de production aux capitaux allemands créée par Joseph Goebbels, et qui avait fait le "voyage à Berlin" organisé par la Propagandastaffel..." (p.14), mais elle oublie de dire que D.D. a fait ce voyage contrainte et forcée pour tenter de faire libérer son mari incarcéré en Allemagne. Une précision importante et manquante.


Mis à part ces quelques agacements, Éliette Abécassis réussit à aborder la question de la féminité, du féminisme, de la place de la femme dans la société, elle qui suppléa l'absence des hommes au travail et à qui, du jour au lendemain on demande de reprendre son rôle d'épouse et de mère au foyer. Grâce à ce bikini, les femmes peuvent enfin se sentir libres dans leurs corps, mais c'est aussi le début des diktats de la mode. Elle parle aussi des théories communistes qui se font jour après la libération d'une grande partie de l'Europe par l'URSS et qui s'opposent au capitalisme qui déferle avec l'autre grand libérateur du continent, les USA.


Enfin, pas mal de point abordés dans ce court roman (84 pages) illustré par Thibault Balahy, qui confirme que cette collection Incipit mérite qu'on s'y arrête un petit moment.

YvesMabon
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le 21 juin 2016

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Yv Pol

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