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Sylvie Miller est surtout connue en tant que traductrice, notamment de textes espagnols. Elle s'est intéressé aux littératures de l'imaginaire d'outre-Pyrénées et en a fait la promotion en France avec un grand succès. Elle a d'ailleurs été récompensée pour son engagement. On lui doit notamment la découverte en France de Juan Miguel Aguilera dont elle présente trois textes dans cette anthologie. Depuis elle s'est essayée, à deux ou quatre mains, à l'écriture de quelques nouvelles qui ne sont pas passées inaperçues et travaille actuellement à son premier roman. A toutes ces activités, elle en a ajoutée une supplémentaire, celle d'anthologiste. Elle nous présente ici quelques nouvelles espagnoles qui ne manqueront pas d'exciter la curiosité des fans de science-fiction. Chaque auteur est aussi présenté par Sylvie afin que le lecteur connaisse un peu son parcours.

C'est Juan Miguel Aguilera qui ouvre le bal avec trois de ses nouvelles. « La forêt de glace » nous raconte l'aventure d'une exobiologiste que le hasard mène dans un amas de comètes – qui préfigure déjà l'univers d'Akasa-Puspa auquel l'auteur consacrera quelques romans – sur les traces d'un vieil amant disparu avec son vaisseau dans cet amas. Elle explorera le vaisseau et y découvrira un secret éprouvant. Dans « Dernière visite avant le Christ », JuanMi nous présente une nouvelle désopilante où il est question de paradoxe temporel alors que des convois de touristes du temps se retrouvent à Jérusalem, histoire de voir Jésus crucifié... Enfin « voyage au centre de l'univers » est l'occasion pour le narrateur, Pierre Teilhard de Chardin, de rencontrer Jules Verne et de le convier à un étonnant voyage à travers le temps et l'espace. Une nouvelle érudite, passionnée et pleine de poésie. Car de passion, il est bien question ici. Je me souviens encore de JuanMi lors des Imaginales 2005 où il nous racontait avec fougue tous ses souvenirs de lecture des romans de Jules Verne et comment il est, pour lui, un auteur de référence.

A partir de maintenant commence pour moi la découverte et je ne remercierai jamais assez Sylvie pour ce travail remarquable. En effet, c'est au tour d'Elia Barcelo avec « Les réapparus » de nous raconter une histoire d'amour assez étrange avec une femme... morte. Non, nous ne sommes pas dans la nécrophilie, la plus soft soit-elle, mais dans un monde où les clones servent de support à certains êtres, les empêchant pas là même de mourir pour de bon. Alors que faire si la vie vous pèse tout de même ? Une exploration intéressante de ce thème classique. Puis vient Victor Conde avec « Le fil de l'épée de bois ». Je dois reconnaître que je me suis senti parfois perdu devant ce père aimant qui devient de temps à autre un guerrier redoutable traquant les envahisseurs qui menacent son mode de vie. Par petites touches subtiles, l'auteur fait apparaître un homme issu de l'imaginaire espagnol qu'on n'envisageait pas de rencontrer en SF... mais la SF ne lui va pas si mal que cela... A moins que je n'aie, finalement, pas compris cette histoire.

Avec « Champs d'automne » de Daniel Mares nous sommes conviés à une enquête policière. En effet, ce champ d'automne n'est rien d'autre qu'une cité dont les habitants sont des vieillards dont certains ont des records de longévité. Bien sûr, ce serait un délicieux mouroir si l'un d'entre eux n'avait décidé d'abréger leur naufrage en les tuant. Une enquête fascinante que des personnages complexes agrémentent avantageusement. Pour Rafael Marin et son « Mein Führer » c'est la réécriture de l'histoire qui nous amène à nous demander ce que de jeunes révoltés du futur pourraient faire d'une machine à remonter le temps. Jusqu'où le paradoxe temporel peut-il aller et comment cela pourrait se corriger ? Une superbe nouvelle, pleine de créativité avec une fin aussi inattendue que préoccupante.

Le plus récompensé de tous s'appelle Rodolfo Martinez et ce sont deux de ces nouvelles qui nous sont ici présentées. La première intitulée « Il traverse le désert » est d'une grande sobriété et nous parle d'un passage de relais souvent évoqué en SF entre l'homme et ses créatures. La seconde, « La route », nous raconte comment on explore une planète opaque aux satellites et qui recèle de sa propre vie au travers de ses routes. Cette planète a un secret : d'étranges portes qui apparaissent semble-t-il au hasard et dont nul ne sait où elles mènent. Décidément, explorer un tel monde n'est pas de tout repos, surtout quand on connaît les clauses de son contrat de travail. Une histoire pleine d'inattendu.

Enfin, c'est à Eduardo Vaquerizo que revient le redoutable honneur de clôturer cette anthologie avec deux de ses textes. « Les chemins du rêve » nous font vivre les derniers instants d'un voyage. Les explorateurs reviennent de l'autre bout de la galaxie à bord d'un vaisseau extraterrestre. La terre qu'ils découvrent n'est plus qu'un astre mort, l'humanité s'est éteinte et cela porte un dur coup au moral de l'équipage jusqu'à ce qu'ils découvrent d'étranges statues sur des astéroïdes : est-ce la clé de l'énigme ? Une histoire remarquable. « Une terre pleine de question » aborde le thème de l'après-humanité. Que restera-t-il comme choix aux robots que nous laisserons derrière nous ? Peut-être iront-ils à la recherche du dernier humain pouvant faire les choix qu'eux ne peuvent ou n'osent faire. Là aussi, il s'agit d'une belle histoire qui cependant fait un peu trop la part belle à l'anthropomorphisme.

Je ne peux arrêter cette critique sans vous parler de la toute dernière partie de cet ouvrage. En effet, dans la post-face, Sylvie Miller évoque la SF espagnole au travers de ses grands noms mais également de ses revues, de sa perception à l'étranger ainsi que des différents courants qui l'ont traversé depuis qu'elle a vue le jour. Un travail complet et riche qui permet de se situer par rapport à cette part de plus en plus importante que la SF espagnole prend au niveau européen voire international. Une anthologie complète, très agréable à lire et qui rafraîchit l'imaginaire.
Bobkill
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le 22 déc. 2010

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