La qualité éditoriale de la revue "Dossier de l'Art" n'est plus à démontrer et une fois encore, elle se révèle à travers ce numéro dédié à Elisabeth Louise Vigée Le Brun - mise à l'honneur au Grand Palais à Paris jusqu'au 11 janvier 2016 -, essentiellement connue du public pour avoir été l'un des portraitistes de la reine Marie-Antoinette.


On le sait, les artistes féminines n'ont jamais eu droit à la même publicité que leurs homologues du sexe prétendu fort et c'est donc avec un plaisir accru et un sentiment profond de reconnaissance que l'on (re)découvre son oeuvre, une oeuvre tout en délicatesse, en minutie, en poésie et qui reflète une personnalité calme et posée, en total paradoxe avec ce que fut son existence !


Quelle destinée ! Presque comparable à celles des célèbres ladies Emma Hamilton et Jane Ellenborough. Ayant fui la France la nuit même du 6 octobre 1789 alors que Louis XVI et Marie-Antoinette sont ramenés de force de Versailles à Paris par le peuple français, ce sont douze années d'errance à travers l'Europe et jusqu'en Russie qui s'ouvrent devant la portraitiste royale. S'ensuit une vie qui s'inscrit entre deux siècles, à une période charnière de mutations politiques et sociales profondes et qui ne s'achèvera qu'à l'âge canonique de 86 ans.


Dossier de l'Art revient longuement sur ces captivants éléments de contexte et sur sa biographie qui sont essentiels pour comprendre l'artiste, et sans lesquels on pourrait s'imaginer, à contempler les calmes nobles dames portraiturées une rose à la main, un chapeau de paille posé gracieusement sur leur évanescente chevelure ou enlaçant leur enfant, que Mme Vigée Le Brun n'était qu'une complaisante peintre de salon.


En fait de salon, l'artiste a eu le privilège d'exposer au Salon du Louvre, l'une des rares occasions pour les artistes de cette époque de produire publiquement leur travail. Ce privilège fut attribué suite à son élection à l'Académie royale de peinture et de sculpture en 1783 qui ne comptait alors que cinq sièges pour les femmes.


J'ai pris un vrai plaisir à me plonger dans ce destin hors du commun et dans cette oeuvre qui se décline en une talentueuse galerie de portraits, desquels se dégage bien plus qu'une séduisante élégance, une véritable présence.

Gwen21
10
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Challenge PETITS PLAISIRS 2014 - 2015 et 2015

Créée

le 2 oct. 2015

Critique lue 107 fois

Gwen21

Écrit par

Critique lue 107 fois

Du même critique

La Horde du contrevent
Gwen21
3

Critique de La Horde du contrevent par Gwen21

Comme je déteste interrompre une lecture avant le dénouement, c'est forcément un peu avec la mort dans l'âme que j'abandonne celle de "La Horde du Contrevent" à la page 491 (sur 701). Pourquoi...

le 1 janv. 2014

64 j'aime

24

La Nuit des temps
Gwen21
10

Critique de La Nuit des temps par Gwen21

Je viens d'achever la lecture de ce petit livre qu'on me décrivait comme l'un des dix livres de science-fiction à lire dans sa vie sous peine de mourir idiot. Je viens d'achever la lecture de ce...

le 15 sept. 2013

52 j'aime

10

La Disparition de Stephanie Mailer
Gwen21
1

Critique de La Disparition de Stephanie Mailer par Gwen21

Jusqu'à présent, de Joël Dicker, je ne connaissais rien ou plutôt pas grand chose, c'est-à-dire le nom de son premier roman "La vérité sur l'affaire Harry Quebert". Depuis cette parution...

le 22 mai 2018

31 j'aime

8