Avant toute chose, je tiens à préciser que j'ai lu la version intégrale de ce texte, et que mon avis se base donc sur celle-ci.
J'avais peur lorsque je me suis lancé dans la lecture de ce roman cultissime, de me retrouver confronté à une écriture peu abordable, et un récit qui fait "vieillot". De plus, l'histoire étant plus que célèbre, je ne pensais pas découvrir grand-chose qui n'ai pas déjà été dit dans ce récit de près de 700 pages.
Mais pour mon plus grand plaisir, les 100 premières pages m'ont totalement emballé. On suit au début du récit le fameux Jonathan Harker qui se rend au château de Dracula, et qui raconte son périple dans son journal.
La narration s'est révélé passionnante et extrêmement efficace, on ne s'ennuie pas à un seul instant dans ce lancement d'intrigue. L'ambiance fantastique et gothique est superbement décrite, l'écriture de Bram Stoker est très fluide bien qu'extrêmement descriptive (mais cela participe énormément à l'atmosphère instaurée), et toutes mes appréhensions concernant ce récit se sont envolées d'un coup.
Mais malheureusement, durant les 600 pages suivantes, certains défauts ont surgi.
En effet, suite à ce passage au Château de Dracula dans les Carpates, le récit va se passer à Londres, et suivre plusieurs personnages qui vont être confrontés au Comte.
Il faut savoir que tout le roman est épistolaire, et par cela, l'auteur a réussi a mener son histoire d'une main de maître. En effet les différents points de vue (racontés à travers différentes lettres et différents journaux) maintiennent la cohérence et le fil rouge de l'histoire, et les seules zones floues de l'intrigue sont voulues par l'auteur.
J'ai bien apprécié ce format particulier dans l'histoire, c'est ce qui en fait sa particularité, mais cela amène aussi des défauts dans la narration. Dans leurs journaux et lettres, les personnages divaguent parfois sur des choses inutiles, et répètent des banalités qui, au bout d'un moment, ne font qu'alourdir l'histoire. Les différentes formules de politesse et cajoleries sont lassantes, et m'ont fait lever les yeux au ciel au bout d'un moment. Je pense que sur 600 pages, 300 auraient pu être occultés du récit sans que cela pose problème (!).
Deux autres choses m'ont gênés dans ce récit :
- la position des femmes, point sur lequel je dois de me justifier. Les femmes ne sont pas mises en valeur dans ce récit, mais elles ne sont pas plus dégradées par rapport au mode de pensée de l'époque. Par exemple, un moment dans l'histoire un groupe d'amis contenant 1 femme et 5 hommes doivent faire une action courageuse, et les hommes préfèrent laisser la femme à la maison pour la protéger, et la femme elle-même se justifie en disant que c'est "un boulot d'hommes". Cela choque le lecteur contemporain, mais en même temps, l'auteur ne fait qu'exprimer le courant social en vogue à l'époque, et ne pousse pas plus loin non plus la dénigration de la femme. En gros, cela choque le lecteur contemporain, mais si on se remet dans le contexte de l'époque à laquelle "Dracula" a été écrit, ce n'est pas plus choquant que ça (je mets des grosses parenthèses et espère me faire comprendre sur ce point).
- la fin est pour moi une grosse déception. L'intrigue, et tous les éléments mis en place durant ce récit se résolvent en 10 pages (véritablement), et toute la montée en tension de celui-ci retombe pour moi comme un gros soufflet à la fin du roman. C'est dommage, car du coup il n'y a aucune charge émotionnelle, et l'histoire se conclut beaucoup trop vite (sur un roman de 700 pages, avoir une conclusion de 10 pages est très frustrant je trouve).
Cependant, je vous conseille de lire ce récit, qui est un énorme classique de la littérature fantastique, ne serait-ce que pour connaitre dans les détails l'histoire originale. C'est à lire si vous avez du temps (car ce récit en demande pas mal, de temps), et je vous le recommande, rien que pour l'ambiance parfaitement instaurée d'un bout à l'autre du roman. Certes je trouve qu'il y a des longueurs et que la fin est trop rapide, mais j'ai quand même beaucoup apprécié découvrir l'histoire de Dracula dans sa version originale. J'ai maintenant hâte de découvrir d'autres récits de l'auteur, car je n'éprouve plus aucunes appréhensions envers sa plume.