Trois mois de la vie de Samuel Riba, exigeant éditeur Barcelonais à la retraite, vus de l'intérieur, dans le monologue de son esprit, avec comme point d'orgue son voyage à Dublin pour officiellement enterrer l'époque Gutenberg.

La fin de l'édition précipitée par l'avènement du numérique est une des préoccupation de Riba. Lui-même est devenu un accroc de l'informatique, un hikikomori, à tel point que cette addiction numérique est devenue une menace pour son couple dont la fragilité constitue pour lui un autre motif d'inquiétude.

Partageant peut-être la défiance de Riba face aux conflits et rebondissements du style romanesque vers lesquels sa vie de couple pourrait sombrer suite à la décision de sa femme de devenir bouddhiste, Vila-Matas s'est efforcé de ne pas écrire un roman traditionnel. Nous suivons le déroulement des pensées de Riba selon un mode intraduisible autrement que dans un livre. La narration souple et compliquée comme les errances de l'esprit est un mélange d'association d'idées, de digressions et de retours en arrière où se mêlent les inquiétudes et obsessions de Riba :
New-York en tant que centre du monde, les fantômes irlandais images des fantômes familiaux, la vieillesse, les habitudes, la négation du roman (ce livre n'est pas vraiment un 'roman').

Il y a la visite hebdomadaire chez ses parents qui vivent dans une atmosphère peuplée des fantômes du passé. Puis le départ vers l'Irlande, pays des fantômes, avec trois amis, dans l'angoisse de replonger dans l'alcool qu'il a quitté deux ans au-paravent.
Pour enterrer l'époque Gutenberg, et faire le "saut anglais". Dans le sens inverse de Beckett.

Un jeune homme semble le suivre, l'observer. Mais demeure insaisissable. Riba lui accolera plusieurs identités : est-il l'auteur génial qu'il a recherché toute sa vie ? Est-il l'auteur d'un roman dont lui-même est un personnage, qui va mourir en même temps que le roman, tel Joyce apparaissant en personne à l'enterrement qu'il relate dans le sixième chapitre d'Ulysse ? À Dublin il mettra le nom de Malachy Moore sur cette silhouette énigmatique qui se confondra d'une certaine manière avec le narrateur.

Ce livre m'a d'abord paru décousu et vain, puis les thèmes sont entrés peu à peu en résonance pour provoquer finalement une expérience de lecture vraiment originale.
rhumbs
8
Écrit par

Créée

le 26 nov. 2011

Critique lue 178 fois

rhumbs

Écrit par

Critique lue 178 fois

D'autres avis sur Dublinesca

Dublinesca
rhumbs
8

Critique de Dublinesca par rhumbs

Trois mois de la vie de Samuel Riba, exigeant éditeur Barcelonais à la retraite, vus de l'intérieur, dans le monologue de son esprit, avec comme point d'orgue son voyage à Dublin pour officiellement...

le 26 nov. 2011

Du même critique

Théorème vivant
rhumbs
4

Critique de Théorème vivant par rhumbs

Cédric Villani a reçu en 2010 la prestigieuse médaille Fields (l'équivalent du prix Nobel pour les Mathématiques). Ce journal revient sur la période allant des premières intuitions autour du théorème...

le 7 oct. 2012

9 j'aime

2

Retour dans la neige
rhumbs
8

Critique de Retour dans la neige par rhumbs

Nouvelles atmosphériques, faussement naïves ; en fait parfois glaçantes. Des phrases autour de la beauté fragile du monde et des hommes. Et comme un contrepoint rôde la brutalité et la vulgarité, qui...

le 28 sept. 2012

8 j'aime

L'Or
rhumbs
8

Critique de L'Or par rhumbs

L'ascension du général Suter, "banqueroutier, fuyard, rôder, vagabond, voleur, escroc", défricheur du territoire de Californie, et sa chute après la découverte de l'or sur ses terres, à...

le 24 nov. 2011

8 j'aime