Le moins bon, mais pas inintéressant.

C’est une épopée bien menée, mais hélas, il s’agit aussi du tome de cette magistrale saga que j’ai le moins apprécié.


Dust of Dreams représente une prise de risque de la part de Steven Erikson. Huit tomes après, il sait qu’il a fidélisé son public, et que celui-ci est familier avec son immense univers. Il s’autorise pourtant à introduire de nouvelles figures, ou à mettre en exergue des personnages autrefois secondaires, tout en développant certains bien connus. Ce tome s’avère donc indubitablement celui dans lequel s’enchaîne le plus grand nombre de points de vue, un record que battra peut-être le tome final.


Si les péripéties s’enchaînent avec fluidité, et qu’il ne me paraît plus surprenant de transitionner d’un POV à l’autre parfois toutes les deux pages, Dust of Dreams m’aura laissé un certain goût de déception. Sans vouloir émettre de généralité, ce n’est pas la première fois qu’une longue saga possède un avant-dernier tome un peu en-dessous, par nécessité de préparer le tome final. Ce sentiment s’avère assez flagrant avec les soldats malazéens : les bougres sont pour la plupart toujours attachants, mais ils donnent l’impression de juste suivre le scénario, d’attendre que quelque chose les sorte de leur routine.


Et dans leur ennui se développent justement leurs envies. Jamais l’auteur n’a hésité à donner une vie sexuelle libérée à ses personnages, toutefois les autres tomes présentaient un meilleur « dosage » de cet aspect. Ici il m’a semblé que la moitié des personnages voulaient tirer leur coup, parfois dans des situations assez incongrues que je préfère ne pas détailler. Des scènes de « tranche en vie » ne me dérangent absolument pas car c’est ce qui permet de rendre les personnages plus attachants, sauf que cet aspect m’a paru mieux exécuté dans les autres tomes.
Cet immobilisme transparaît surtout chez les humains (de l’Empire Malazéen comme de celui de Lether). Néanmoins cette saga se déroule dans un univers fantasy aux multiples races, et il s’agit peut-être du tome qui leur aura donnée la meilleure place. S’entrecroisent les Barghast, qui ne sont pas sans rappeler une humanité à l’ère préhistorique, les T’lan Imass, en quête de héros et d’identité, et surtout la race reptilienne des K’Chain Che’Malle (aka ce que seraient devenus les dinosaures s’ils avaient évolué comme les humains), si longtemps dans l’ombre, et désormais piliers des événements à venir. Leurs péripéties et leurs tragédies sont brillamment exécutées.


Dans ce tome s’illustrent aussi de nouveaux personnages aux noms à retenir. Au départ, les sœurs Sinter et Kisswhere, malheureusement ces soldates se sont révélées misogynes, en particulier Kisswhere qui m’aura donc bien agacé (j’imagine que c’était le but). Gesler et Stormy se particularisent parmi ces soldats à leur manière, tout comme Grub et surtout Sinn, une mage de feu avec un bon brin de folie. J’ai été aussi très touché par Kalyth, femme au service de K’Chain Che’Malle qui finira par devenir une des leurs, la tragique Hetan, la relation entre Onos T’oolan et Toc the Younger, et aussi la quête de Yan Tovis et de Yedan Derig.. Sans mentionner ces figures de l’ombre, à l’instar de Kilmandros, ainsi que the Errant, ourdissant dans l’ombre leur plan ultime.


Dust of Dreams manque d’un climax aussi intense que les autres tomes bien qu’il soit quand même épique, et se conclut sur un cliffhanger inévitable. Un bon livre pour sûr, mais il en faut bien un en-deçà du reste…

Saidor
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le 30 nov. 2020

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