Je conseille ce livre pour tous ceux qui n’ont pas l’esprit obtus, qui ne vont pas juger ces juges, qui s’intéressent un tant soit peu à l’histoire allemande, avant la Seconde Guerre Mondiale, qui aiment les livres racontant des tranches de vie sans aucune fioritures. Ce n’est pas un véritable coup de coeur même si je n’ai pas été du tout déçue. On ne peut pas parler de coups de coeur lorsqu’on détaille la vie de personnes qui souffrent, même si c’est très bien écrit, que l’on avale les pages, que l’on ne peut pas laisser tomber l’histoire.

Cela se passe à Berlin, au début des années 30, certes, dans une ville qui compte 6millions d’habitants (qui meurent de faim), mais cela pourrait se passer ailleurs, à Paris notamment, là où il y a de nombreux orphelinats, où ces jeunes de l’Assistance Publique souffrent. Car en définitive, la vie n’est pas rose dans ces institutions. Oui, ils ont un toit, oui, ils ont un couvert (pas top non plus), mais ce qui leur manque le plus, c’est la liberté. Il sont brutalisés psychologiquement et physiquement. Ils doivent se conformer aux règles établies. Difficile dans la rue, c’est vrai, de s’y conformer, lorsque l’on n’a pas les papiers adéquats pour trouver un logement ou tout simplement pour travailler. Malheureusement, avant 21 ans, on appartient toujours à l’Etat. Ces jeunes ont choisi la liberté, la faim, dormir dehors, se retrouver dans des endroits chauds spécialement ouverts le jour. On pourrait penser que ce sont des animaux, ils n’ont pas de vie, ils sont toujours sur le qui-vive. Ils ne respectent pas les prostituées et les femmes en général. La prostitution est un énorme marché. Les prostituées sont très bien encadrées par leur souteneur. La violence est partout et visible.

Ce qui se dégage de ce livre est une belle histoire de fraternité entre ces jeunes qui appartiennent à une bande. Y entrer n’est pas simple. En effet, il faut être sûr qu’un mouchard n’ira pas parler à la police. Ils ont leurs codes. Ne pas être plus de trois. Un chef permettra aux autres de manger, d’avoir des cigarettes, d’avoir également un toit. Ils sont peu à s’interroger d’où vient cet argent qui arrive. Ils sont frères, frères de sang. Ils se soutiennent dans les bons, comme dans les mauvais moments. Ils ne se soulèvent pas contre l’autorité de ce chef, car ils savent que ce sera pire sans lui. On pourrait dire que c’est à la vie, à la mort. Ceux qui partent, les autres pensent qu’ils ont été arrêtés par la police. Berlin est tellement grande qu’ils doivent changer de quartier pour ne pas être retrouvés. Car qu’arrive-t-il à ceux qui ont décidé de partir, d’avoir une vie autre, d’avoir passé un cap supérieur ?

La peur de la police est toujours présente. La peur des autres gangs également. C’est la loi du plus fort qui prime mais tout de même avec un certain respect. La prostitution et la criminalité règnent. D’ailleurs, on peut s’interroger comment ils peuvent tout de même se payer des cigarettes, de l’alcool, des filles (l’auteur nous donne le coût de tout, démontrant qu’ils doivent tout de même faire attention même en ayant un peu d’argent. L’alcool et la cigarette aident à tenir.

Heureusement que ce livre a été réédité. Il nous permet de nous rendre compte de ce qu’a pu être la vie en ce temps-là. D’ailleurs, pourquoi ce livre a-t-il vraiment disparu ? Même pour les autorités de l’époque et future, il ne fallait vraisemblablement pas donner la vérité sur toute cette misère humaine, sur tous ces jeunes abandonnés par leurs parents ou qui avaient choisi de fuir une existence plus ou moins misérable ou qui ne leur correspondait pas. L’auteur ne les juge pas, il informe juste avec des mots vrais. A-t-il fait partie de cette jeunesse ? En effet, il a disparu et aucune nouvelle n’a filtré quant à son avenir.

A méditer, l’Allemagne, en ce temps-là, avait instauré que tous ces habitants étaient égaux. Egaux, oui, mais dans la misère.
Angélita
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le 3 janv. 2015

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