e me souviens, au début des années 90, Michka Assayas passait régulièrement chez Bernard Lenoir, souvent le vendredi soir, pour parler d’un film, d’un disque qui l’avait touché quelques jours plus tôt. Petit à petit je m’étais fidélisé à ce rendez-vous, j’avais appris à aimer l’écriture soignée des papiers d’Assayas.


Sans vouloir tout suite trouver des similitudes avec les romans de qui que ce soit, on ne peut s’empêcher tout au long de ce livre de penser à Houellecbecq. Car il faut être franc, Philippe, le héros de ce livre est typiquement "Houellebecquien" dans sa façon de vivre, dans ses réflexions, dans sa vision de la société et dans le regard cynique qu’il porte sur elle.


Philippe, la quarantaine dépressive, est un journaliste rock qui passe son temps devant le minitel à dialoguer sur des serveurs à caractère sado-maso. Sa vie en demi-teinte l’amène à faire des piges par-ci par-là, notamment lors d’une émission de radio sur Sonic FM (sorte de Oui FM) dans laquelle il intervient pour parler de Ian Curtis et Joy Division, alors que tout le monde semble s’en foutre. Mais Voilà, Philippe et celui qui les a vu, alors on entretient malgré tout une légende qui n’intéresse plus grand monde, surtout depuis que Kurt Cobain s’est suicidé et occupe désormais la place de "légende-rock-rebel-mort "dans les têtes des ados de cette époque.


Assayas, tout au long de ces 400 pages, fait une sorte de bilan de la société actuelle tout en regardant constamment dans le rétroviseur, en évoquant les années 80 durant lesquelles il semble s’être épanoui. Exhibition est une sorte de regard plutôt lucide et corrosif, mais pas dénué d’humour, sur la société contemporaine. Les références musicales y sont constantes (Bob Mould, the Clash, New Order, Brian Wilson...) et indiquent, assurément, une grande part d’autobiographie dans l’écriture, tant certaines anecdotes semblent par moment criante de vérité.


Auteur du "Dictionnaire du rock", édité chez Laffont, Michka Assayas considère "Exhibition" comme son premier véritable roman, après avoir publié deux autres récits : Les Années Vides (1990), et Dans sa peau (1994). Par la suite il publiera Faute d'identité (2011) ainsi qu’une réédition du roman Les années vides en 2013 aux éditions Le Mot et le reste. A retrouver sur HOP BLOG

BenoitRichard
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le 9 févr. 2016

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Ben Ric

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