On pourra verser dans le cliché et dire que le vent des plaines souffle sur ce roman. Immersif, certainement : de la précision des références aux descriptions rondement menées, Céline Minard nous dresse le tableau réussi de l'Ouest Américain à l'ère des cowboys. Le rythme est à l'image de l'époque qu'il décrit : tantôt lent et presque immobile, s'appesantissant sur chaque détail, tantôt fulgurant comme un Colt qui se décharge.
Faillir être flingué est comme une fresque, celle d'un village posé au milieu de la poussière, un caravansérail d'aventures et de vies mouvementées. Des rencontres improbables, des plans foireux, des types qu'ont vraiment pas de bol, d'autres qui voient les pertes des précédents leur tomber dans le bec.
Mais voilà, il faut les suivre, ces personnages, au cours de cette folle cavalcade... Arrivée à la fin, un peu essoufflée, je me suis dit qu'il faudrait tout reprendre du début pour comprendre, pour discerner l'identité de chaque silhouette, ses motivations et ce qui l'amène au fond de cette bourgade de poussière.
Car la galerie de ses personnages est haute en couleurs, mais sur peu de pages, il est difficile de jongler avec autant de noms et de dégaines. Et plus difficile encore de les tailler finement, sans tomber dans les archétypes propres au western. Sur ce point, Céline Minard vacille entre réussite et confusion. Zébulon marque les esprits, mais il est l'éternel cavalier blasé qui connait tout de la vie.
Bird et Elie se confondent, Xiao débarque comme un cheveu sur la soupe, et je ne comprends pas bien ce qui fait d’Arcadia plus qu’un prétexte aux mésaventures de son pauvre chercheur d’archet.
Malgré tout, on s'attache à ces personnages atypiques, à leurs mésaventures innombrables et on finit par sourire aux coïncidences et circonstances qui regroupent tout ce beau monde. Volontiers, on s'embarque aux côtés de ces êtres lestés de rien et prêts à (presque) tout, et on se laisse porter par la plume espiègle de leur créatrice.