Monde incroyable, histoire (de) bateau(x)

Forcément la comparaison avec la Fille Automate va donner un goût de trop peu aux lecteurs concernés. Pas pour le monde et les postulats d'anticipation choisis, toujours aussi fins et plein de cohérence, mais bien pour l'intrigue qui n'a pas le fil naturel et intense de son prédécesseur.

Cela n'empêche pas ce livre d'être très bon et agréable à lire. On se retrouve plongé dans un Côte est-américaine dévastée par les changements climatiques et sociaux avec des travailleurs de dernière zone, on patauge littéralement dans le cambouis, la gadoue et le sang en leur compagnie. Certes le héros principal génère moins d'empathie --serait-ce dû à son plus jeune âge ou à son traitement littéraire?-- mais le gros de la troupe ne manque pas d'attrait, entre Tool, Sadnia, Prima, Lopez, Candless, Nita "Lucky Girl" et tous les autres, Nailer "Lucky Boy" parait un peu léger, un peu plus immature, voire un peu niais parfois. Mais c'est certainement voulu par l'auteur pour les besoin de sa composition. Mention spéciale au personnage de Lucky Strike, omniprésent sur Bright Sand Beach sans jamais être en premier plan.

Le traitement plus rapide du récit (en réaction aux critiques de lenteurs de la Fille Automate?) en fait un récit palpitant mais moins tangible, plus suggéré, plus rapidement brossé. Parfois avec brio (amenant de l’intérêt et des questions chez le lecteur) parfois moins.

Il n'empêche que le récit fourmille d'idées brillantes, et bien traitées sur les manipulations génétiques et la grande question de la propriété de ses résultats (thème cher à Frank Herbert dans l'Incident Jésus), sur la recomposition de sociétés dévastées, sur le commerce global et le commerce local, sur l'évolution du climat et l'impact sur notre société actuelle, sur les jeux de pouvoir et les manipulations... Le tout avec créativité, réalisme et cohérence. Tout ce qu'il faut pour en faire un vrai bon livre d'anticipation, digne des plus grands.

Alors oui, il est un brin, un chouillat, en-deçà de son prédécesseur, mais n'en boudons pas notre plaisir pour autant. Au pire vous voilà avertis : commencez par celui-ci !
Fredk
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le 12 déc. 2014

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Fredk

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