Flashback
5.2
Flashback

livre de Dan Simmons (2011)

Une des oeuvres de science-fiction les plus laides de l'histoire récente

Il m'a fallu un peu de temps pour être sûr de digérer ce roman, et de vouloir en parler.


J'ai beaucoup apprécié Ilium du même auteur - en particulier, j'ai beaucoup apprécié l'écriture des personnages, ainsi que sa vision de la littérature. L'univers d'Ilium est fait de multiples couches de natures différentes, superposées pour former une réflexion sur la littérature elle-même.


J'ai moins apprécié la plupart des autres ouvrages de cet auteur, notamment les Cantos, qui me paraissent largement anecdotiques, et surtout très verbeux.


Flashback, c'est sensé être une dystopie. Les plus beaux rêves des prêcheurs d'extrême-droite américains sont devenus réalité : les musulmans sont tous des djihadistes, Israël est tombé sous les bombes nucléaires, le Mexique est parti à la conquête des états du sud, le Texas est un phare de civilisation indépendant, etc. Partir de ce principe pourrait être intéressant : à quoi ressemblerait le monde s'il était vraiment comme ces néonazis le décrivent ? Le problème, et je peux affirmer cela après avoir relu le livre et exploré les interviews de l'auteur, c'est que c'est du premier degré.


Oui, Dan Simmons croit vraiment à ces conneries. Son objectif dans ce livre, c'est de nous montrer quelles devraient être les vraies valeurs de l'Amérique (pour lui les Européens sont déjà foutus) - le livre entier est une leçon de vie. Chacun des personnages est sensé représenter le chemin vers un idéal. Il nous crie : "réveillez le nazi qui dort en vous ! Tuer, c'est bien quand c'est au nom des vraies valeurs ! Battez-vous pour votre race !".


Le livre est donc en réalité un véritable manifeste nauséabond - et non seulement il se fait haïr, mais il fait également haïr son auteur. Jamais plus je ne pourrais lire Dan Simmons sans penser à Flashback.


Si ce livre a une leçon à nous donner, c'est que la fiction elle-même n'est jamais à l'abri de ce que la réalité a de plus laid, et que les auteurs de science-fiction ne sont pas plus des messies que vous et moi. On ressort durci et désenchanté de la lecture de Flashback, et c'est avec un regard presque nihiliste que l'on aborde les autres œuvres d'anticipation.


C'est là la malédiction de l'extrême-droite : même à ceux qui sont en profonde inadéquation avec ses idées, elle inflige des blessures et du désespoir. Cela demande beaucoup de force que de passer outre son dégoût pour un auteur que l'on pensait apprécier et respecter.


A ne pas lire, donc.

Spectator
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le 20 sept. 2017

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