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"La lumière rose de notre crépuscule d'une douceur gyneffable..."

Le nouvel opus de Félix Niesche (la collection en compte quatre autres) vaut la peine qu’on s’y arrête. L’auteur, qui s’était dans un premier temps fait connaître comme blogueur, a su développer un style pamphlétaire très vif et inventif, parfois même poétique, jouant avec les allitérations et une syntaxe ouverte à tous les vents, créant des néologismes savoureux et multipliant les jeux de mots. On sent certes l’influence de certains grands anciens (Bloy, Murray et d’autres) mais ses petits textes se lisent comme autant de coups de gueule en réaction aux thématiques de ce recueil : la gynécocratie, le féminisme, la démission des mâles et surtout l’avortement, pratiqué par ces femmes pour qui le fœtus n’est qu’« une pierre dans leur jardin vulvaire ». La théorie du genre, « symptôme terminal d’une maladie dégénératrice de l’humanité », y est brocardée, et tout une partie du panthéon de nos modernes est violemment déboulonné : d’Elisabeth Badinter à Gisèle Halimi en passant par Catherine Breillat, Roselyne Bachelot, Rachida Dati (« la Dati de péremption ») ou Simone Veil, « la maestria de la pompe à vélo et de l’aiguille à tricoter élevée au rang des beaux-arts hospitaliers ».


Niesche semble parfois sauter du coq à l’âne, commençant par une série d’observations sur ce qu’il appelle la dévirilisation biologique (diminution du nombre de spermatozoïdes et augmentation de celui des cancers des testicules, pollution des eaux due à la pilule contraceptive) pour ensuite nous parler de drague, du système éducatif suédois ou des opérations d’hymenoplastie chirurgicale, mais tout cela rentre dans une même catégorie d’analyse, celle à la fois d’une certaine féminisation de notre société et d’un brouillage des repères sexués. Contre cette « marée œstrogéniarde idéologique » et afin de ne pas se laisser endormir par « la lumière rose de notre crépuscule d’une douceur gyneffable », il convient de rétablir quelques vérités de nature, comme celle-ci : « Je suis né mâle, cette détermination je la connais comme un fait fondamental, elle précède le plan des manifestations et même de l’individuation. Le sexe est indissolublement lié à mon ipséité. Hors lui, je serais un autre, ou une autre, et cela ne me concerne plus. » Sous les effets de style volontairement réactionnaires, on trouve bien souvent un simple bon sens.

David_L_Epée
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le 17 nov. 2015

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