Bon...J'ai fini Glamorama, croyez-moi ou non je n'ai pas tout compris mais croyez-moi ou non j'en suis ravi. Alors avant de commencer, attendez, hop, je prends un Xanax et une coupe de champagne.


Tout d'abord, au niveau de l'écriture, ceux qui ont apprécié d'autres livres de Bret Easton Ellis ne seront pas surpris : surabondance de noms de marques, de stars, nombreuses références à la culture pop, tonne de dialogues de sourds, de personnages inintéressants, de conversations qui n'ont pas de sens. Quand on a déjà lu d'autres B.E.E., en particulier American Psycho, on n'est pas plus surpris que ça. Si vous découvrez cet auteur avec Glamorama, accrochez-vous. Car si cette prose était volontairement excessive dans American Psycho (car elle est un moteur, une explication, un indice pour la critique globale), elle est dans ce livre ENCORE PLUS excessive. Et parfois même, un peu lourde et ralentissante. Les descriptions sont froides et cyniques, se limitant souvent à de simples énumérations (en particulier lors des attentats terroristes).


Dans ce livre, Bret Easton Ellis reprend sensiblement les mêmes critiques que dans American Psycho : la critique du monde de l'apparence, qu'il situe cette fois-ci non plus chez les 'golden boy traders' mais chez les top-models devenus dans cette fin des années 90 des véritables "modèles" au sens propre. Mais l'auteur vomit dessus, il ne va pas cesser de relier cette starification de la personne à la vacuité intellectuelle totale : "Plus tu es splendide, plus tu es lucide". Peu de surprises donc, si ce n'est qu'on sent dans ce roman que l'auteur va plus loin, toujours plus loin, jusqu'au bout quitte à nous déstabiliser.


En effet, si la première partie du livre est très classique pour du Bret Easton Ellis, sachez que la suite va vous rendre confus jusqu'au bout. On se retrouve dans des situations incompréhensibles et chaotiques, dans un puzzle irréalisable et l'on cherche des indices partout et on les trouve pas et on a envie d'abandonner et on se dit qu'on trouvera bien une explication à la fin et on termine et on est pas trop sûr d'avoir compris. le roman est devenu un vrai thriller, une vraie enquête mais un thriller d'où l'on ressort essoufflé, écoeuré, dégoûté, annihilé. Jusqu'à l'avant dernière partie, on cohabite avec un sentiment de malaise extrême, à chercher des solutions, des explications et quand l'auteur nous en donne c'est pour mieux nous dire plus tard qu'elle est fausse. Puis quand l'on pense que tout va mieux...Le malaise revient aussitôt.


Il faut savoir lire entre les lignes. Je ne comprends rien à la numérotation des chapitres de ce livre, je ne sais jamais si l'équipe de tournage est réelle ou fictive, je ne sais jamais si les confettis, le froid, l'odeur de shit sont vraiment présentes. Mais je m'en fous. Bret Easton Ellis est le roi de l'illusion, de la grande question de l'existence ou non d'une réalité. Dans cette oeuvre impressionnante de maîtrise, très lente et qui se mérite, il va au plus profond de la critique de ce qu'il dénonce...De ce dont il profite aussi.

DiegoCuesta
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le 2 juin 2017

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Diego Cuesta

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