Grosse Faim
7.9
Grosse Faim

livre de John Fante ()

Un enfant peut jouer l’adulte… mais un adulte peut difficilement jouer l’enfant

Ce recueil de nouvelles démontre à la perfection le génie de John Fante. Il parvient à narrer le récit d’un enfant comme s’il s’agissait effectivement d'un enfant qui contait ses tracas.


Deux extraits de « Quel plouc, ce Dibber Lannon ! » le montrent assez bien :


« Chaque année notre école monte une pièce de théâtre. Je me rappelle quand Pat Lannon jouait dans ces pièces. Ces pièces ne sont jamais intéressantes. Je veux dire, c’est des vraies catastrophes. D’ailleurs, ce sont les sœurs qui les écrivent. Et puis, c’est même pas des pièces. C’est des spectacles prétentieux. Des trucs vraiment dingo. Y a pas la moindre action, personne se fait tuer, personne dit jamais rien de marrant. »


et


« J’ai entendu ma mère lui parler. C’était complètement dingo, ce que lui disait ma mère. Elle disait à Dagmar qu’elle devrait être très fière que son Pat devienne prêtre. Elle disait que Pat allait illuminer l’existence de Dagmar d’une grâce sanctifiante. Elle disait que Dagmar était la personne la plus chanceuse du monde, car elle était dans les prières d’un prêtre. Peuh ! Je trouvais ça complètement bidon. Un prêtre, d’accord c’est bien – comme le Père Walker – lui, c’est un type bien. Mais pas Pat Lannon. Je le connaissais. On me la faisait pas. Je savais à quoi ressemblait ce gars-là. »


Les notes de l’éditeur nous informent également que Fante a cette habitude de « mêler faits réels et fiction – et à s’amuser à confondre les deux »… et on retrouve cela, en effet, tout au long de certaines de ses nouvelles.


On comprend mieux la raison pour laquelle Bukowski, lorsqu’il est tombé sur « Demande à la poussière » de Fante, eut l’impression d’être tombé sur une mine d’or.


Préface de Stephen Cooper :


« Commençant de comprendre ce qui m’arrivait, je me souvins de la préface écrite par Charles Bukowski pour la réédition de Demande à la poussière en 1980, et je me rappelai en particulier le passage décrivant sa découverte du grand roman de Fante à la bibliothèque publique de Los Angeles. À cet instant précis, écrit Bukowski, il avait eu le sentiment de découvrir de l’or parmi les ordures de la ville. Et maintenant je me retrouvais, moi, dans la mine d’or… »

didizimzim
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Créée

le 19 sept. 2017

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Dmitri Fantski

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