Années 60, en Australie. Le jeune Richard Neville monte un magazine à tendance humoristique et subversive dans son lycée. Rapidement, la tentative est avortée par l’autorité bien-pensante de l’école. Mais qu’à cela ne tienne : Richard a bien envie de créer son propre journal. Comme de nombreux jeunes de sa génération, il en a marre de la morale vieillissante des pères et grands-pères (oui bien sûr, on ne parle même pas des femmes !) qui tente de contraindre une société dans des carcans qui ne demandent qu’à éclater et paraissent de plus en plus en décalage avec le monde actuel. Lui, son langage, comme celui d’une multitude d’autres jeunes enfants fleurs, c’est la contre-culture, pas seulement crise d’adolescence partant du principe qu’on est antitout, mais simplement pour être et vivre de la façon dont il l’entend : liberté, communauté, découverte, ouverture de l’esprit, pour tous et toutes sans distinction.


Richard Neville est donc le fondateur du magazine underground Oz. L’idée ? Simplement dire ce que l’on pense, offrir un lieu d’expression à ce qui active réellement les neurones des gens plutôt que de recouvrir encore des magazines de superficialité et de contingences. On parle donc de tout dans Oz : sexe bien sûr, politique, société, arts et culture, évènements dont on ne parlera jamais dans les journaux « reconnus » et donc « sage », « correcte », etc.


Oz rencontre rapidement quelques problèmes, mais il paraît que sur l’autre continent, en Angleterre, il y a des gens qui bougent, un mouvement communautaire et libertaire dynamique et plus prêt à accueillir la vague du changement sans aucun doute que les frileux australiens. Neville débarque à Londres, s’enchaînent les numéros tous plus « osés » les uns que les autres, « osés » parce qu’il n’y a aucun tabou. A l’avènement de l’année 68, Neville a une idée : et si on laissait parler aussi les très très jeunes ? Il fait passer une annonce et une dizaine de lycéens débarquent dans les locaux d’Oz pour participer et monter ce qui sera le Schoolkids Oz. C’est la première fois qu’ils peuvent vraiment exprimer ce qu’ils ressentent, ce que c’est que d’être jeune dans le monde actuel.


Seulement, voilà, Oz a déjà quelques fois fait l’objet de descentes de flics pour des prétextes divers et variés (en fait parce que ce magazine qui dit ce qu’il pense, ça fait tâche dans la bonne société anglaise), mais là, ils s’agit d’enfants, d’innocence, de préserver la naïveté des plus jeunes, qu’ils rentrent bien dans le moule comme il faut et participer à un magazine comme ça, c’est une atteinte aux bonnes mœurs, et en plus il y a des images de scènes de sexe triviales et écœurantes. Oz est donc attaqué pour atteinte aux bonnes mœurs et obscénité (comme Flaubert à peu près un siècle avant).


Le procès est très long. Richard s’en prend plein la tronche pour pas un rond. C’est inadmissible, c’est obscène, c’est trop, décidément trop libertaire. Le premier verdict tombe : moins d’un an de prison. Prison ?! Personne ne s’attendait vraiment à ça. Pour l’opinion publique, ça a tout l’air d’un abus de pouvoir, comme si on prenait Oz pour donner un exemple. Richard fait appel : la cours d’appel avoue que leurs prédécesseurs y sont allé un peu fort et ont largement débordé des cadres de leur juridiction judiciaire. L’affaire Oz fait jurisprudence, c’est l’un des premiers magazines à faire l’objet de ce type d’accusation, et voilà qui réveille un peu l’opinion publique quant à l’importance de la liberté de la presse.


Richard raconte donc l’histoire de ses jeunes années, des années Oz, et, en filigrane tout au long du récit, c’est un portrait inside de la contre-culture hippie des années 60 avec ses espoirs, ses élans vite réprimés, déçus, ses bilans. Un récit qui se boit et s’écoute sans modération.


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Justine-Coffin
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le 31 mai 2017

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Justine-Coffin

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