J'en avais entendu parler depuis ma plus tendre enfance, pas pu résister à son achat à la FNAC en tombant dessus à un âge acceptable.
Ayant vu le film "Salo ou les 120 jours de Sodome" et ayant lu "L'enfer du sexe" de Youl Belhomme, je n'étais pas tout à fait vierge de ce type d'œuvre pornographique et choquante considérée comme "innovante" en son temps.
Je lui donne 5 parce que bien que ne l'ayant pas apprécié, ce livre semble être assez précurseur, datant des années 50 et possède quelques qualités, j'en conviens, lui ayant valu son "Buzz".

Pour l'histoire, c'est très simple, une femme se fait emmener par son amant dans un château où elle se fait soumettre par amour pour lui à divers hommes qui l'humilient de toutes les façons possibles. Elle en sort pour continuer à se soumettre jusqu'à se faire offrir au "grand frère spirituel" de son amant, qui, non content de la posséder et de la faire posséder comme un objet, finira par la faire marquer au fer rouge et lui fera porter un bijou vaginal impossible à retirer avec son nom. Tout ça avec le consentement de la protagoniste principale qui ne doute pas une seule seconde de sa volonté d'être un objet "par amour", cet amour d'ailleurs passant tout naturellement de son amant au grand frère spirituel de celui-ci.

On rajoute à cette fantastique histoire tous les détails qu'on peut imaginer pour ce qui est des sévices sexuels (viols de tous les orifices à répétition, élargissements de ceux-ci avec divers objets pour mieux les violer, processus et rites constants très avilissants, torture...) + une grosse touche de lesbianisme pour montrer le côté "viril/dominant" de la protagoniste principale et on a le cocktail parfait pour faire LE CLICHE du genre, mais comme c'est (presque ?) une première, je comprends que ça soit très bien passé.

Je m'attendais, dans mon esprit un peu malsain à y trouver mon compte niveau excitation à sa lecture et j'ai été étonnée (et j'ai vu après que c'est vu comme une des qualités de ce livre), que son style est tellement "sage" pour décrire des horreurs, que s'en est déroutant. On a l'impression de lire de façon complètement linéaire une vie banale et inintéressante alors que s'enchaîne des détails assez inhabituels dans la coquinerie.
Du coup, c'est presque décomplexant et cela enlève l'excitation que peut, voire DOIT selon moi, procurer ce type de livre.
J'espère que c'est en effet ce que l'auteur recherchait parce qu'autrement, je vois dans le combo de ce style d'écriture allié au style de l'oeuvre une fadeur tellement extrême que le rendu est vraiment raté.
J'ai tout de même réussi à ressentir du dégout en le finissant, mais c'est parce que mon imagination est assez fertile et qu'O, vraiment cruche et débile dans sa soumission m'a un peu donné envie de vomir, pire que ça, j'avais envie qu'elle arrête d'aimer souffrir et qu'elle meurt, qu'on en finisse de cette vaste blague.
Du coup le roman n'a pas tenu la promesse que j'attendais de lui de me satisfaire un minimum dans la montée du désir ou de la satisfaction de lire un truc malsain, nada, je me suis emmerdée, c'était prévisible et j'ai fini sur un énervement teinté de dégout.

Enfin, j'entends partout dans les critiques et même dans la préface que c'est "une des plus belles preuves d'amour donné à un homme", dans le sens où, complètement soumise elle accepte tout et n'importe quoi, jusqu'à sa potentielle mort (on a deux lignes à la fin pour finir hypothétiquement le livre), mais ce n'est pas vraiment ma vision des choses que d'aimer se faire posseder par 50 hommes et draguouiller des nanas sous couvert d'obéissance. Ceci étant expliqué comme étant la nature "facile" d'O, j'y vois plutôt de l'hypocrisie sous couvert de bons sentiments, O n'étant dans son personnage qu'une eroto-nymphomane masochiste ultra-clichée. (Pas pour rien que dans les deux fins hypothétiques possibles elle se fait jeter comme une moins que rien qu'elle est par son maître).

Bref, si ça datait pas des années 50, je n'aurais même pas pris la peine d'analyser autant l'œuvre. Là c'est juste une question de respect et une envie de comprendre face à la marque que ce livre a pu laisser dans l'esprit des gens.

A lire pour faire le coquin-cultivé dans certaines conversations mais c'est tout.
Evether
5
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le 16 avr. 2011

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Evether

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