"La dynastie des Forsyte" nous conte l'histoire d'une famille anglaise issue de la haute bourgeoisie à l'époque victorienne. Le premier volume démarre en 1886 et s'étend sur plusieurs années. La famille Forsyte est alors composée de trois générations. On ne sait pas trop comment les membres de ce clan ont fait fortune. En tout cas, ils occupent des fonctions de notables de l'époque, tels que avocat ou avoué et siègent aux conseils d'administration de grandes sociétés. D'emblée John Galsworthy nous l'explique - ce qui d'ailleurs est un peu déroutant - la caractéristique de chaque membre du clan Forsyte, son unité de valeur est la propriété, la possession, que cela soit sur les biens comme sur les hommes. Autrement dit, les Forsyte sont avant tout des propriétaires. Et le propriétaire qui est particulièrement mis en lumière dans ce premier tome, est Soames.


L'histoire démarre à l'occasion des fiançailles de June, petite fille de "Jolyon le vieux", le patriarche, avec Philip Bosinney, un architecte. Bosinney ne vient pas de leur milieu, il est sans le sou et démarre tout juste son activité professionnelle. Mais peu importe, June a la fortune, et avec sa famille, elle pourra rapidement lui permettre de se faire connaitre. Soames lui confie d'ailleurs la conception d'une grande maison, en dehors de Londres, à la campagne. Soames est marié à Irène avec laquelle il entretient depuis quelques temps, des relations compliquées. Irène est une grande beauté et son mari a mis du temps à la conquérir. Probablement de guerre lasse, Irène a fini par accepter de l'épouser, avec la garantie qu'elle pourrait reprendre sa liberté si elle n'y trouvait pas son compte. Les ennuis commencent à poindre puisque depuis peu, celle-ci a décidé de faire chambre à part. Et puis les rumeurs se multiplient, Irène se serait entichée de Bosinney, l'architecte de sa future demeure et accessoirement le fiancé de sa meilleure amie, June...


Dans ce premier volumne, John Galsworthy nous fait la démonstration de cet instinct de propriété qui transcende chacun des Forsyte. Soames - dont l'échelle de valeur ne se calcule qu'en livres sterling - ne comprend pas comment Irène peut ne pas l'aimer alors qu'elle a tout. Devant cette incompréhension et face à son incapacité à communiquer, Soames va se comporter en propriétaire et faire valoir ses droits de mari. C'est un portrait implacable que nous dresse ici John Galsworthy et une véritable satire de la haute bourgeoisie anglaise de cette époque. Comme il le dénonce dans son avant-propos "l'attachement à l'ordre, à la convention et à la propriété qui prévalut sous Victoria" est excessif, et je rajouterais - surtout lorsque ce respect des conventions et de la propriété s'exerce à l'égard des femmes. Car outre la satire de la classe dominante, l'auteur met en exergue la condition féminine telle qu'elle existait à l'époque victorienne. On tolère qu'une femme puisse faire chambre à part mais il ne faudrait pas qu'une telle situation dure et Soames reprend d'ailleurs rapidement ses droits. Alors on comprend de l'avant-propos que cet ordre va évoluer au fil des romans et l'on aperçoit déjà quelques lueurs d'espoir dans ce premier volume, à travers le personnage de "Jolyon le vieux" qui reprend contact avec son fils banni des années auparavant pour avoir fait un enfant hors mariage, puis avec Irène. Affaire à suivre...


Chronique complète sur : https://riennesopposealalecture.blogspot.com/2020/11/la-dynastie-des-forsyte-le-proprietaire.html

MichigAnne
9
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le 10 nov. 2020

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