L'Histoire du siège de Lisbonne, comme son titre ne l'indique pas vraiment, conte l'histoire de Raimundo Silva, correcteur littéraire (libsoète) qui décide un jour, inexplicablement, de changer le sens d'une phrase dans...l'Histoire du siège de Lisbonne.
En partant de ce geste (aux conséquences inespérées), l'auteur va enchevêtrer tout à la fois la nouvelle histoire de Lisbonne issue de cette modification, et la nouvelle existence du correcteur.
Ok, dit comme ça, ça ne fait pas furieusement envie, mais c'est un roman qu'il est extrêmement difficile d'expliquer, de disséquer et de commenter : tout est dans le style, quasiment sans ponctuation ni paragraphes (dialogue compris), qui commence par dérouter mais fini par donner à l'oeuvre une fluidité rare, et un rythme palpitant. Tout est aussi dans l'art de l'auteur à digresser de sa trame, à s'appesantir sur un détail, à ériger au rang de (joli) symbole le plus insignifiant des gestes ou des objets, pour finir par en dire entre les lignes bien plus sur l'histoire ou l'amour que nombre de tacherons enflammés.
C'est plein d'humour et de dérision, de finesse et d'érudition, et si ça ne prend pas aux tripes comme peuvent le faire les grands romans, on ne peut que s'incliner devant l'art de la langue du grand portugais, mort récemment alors que Marc Levy court toujours.
Si ça peut vous donner envie de mieux le connaitre, ce sera toujours ça de pris.