J’étais tellement triste de devoir quitter Olivia et Kate à la fin de L’invitation à la valse que j’ai immédiatement enchaîné avec Intempéries. Dix années ont passé, les deux jeunes filles se sont mariées, Kate est mère de quatre enfants. Dès le début, on comprend que du côté d’Olivia, les choses sont peut-être moins simples. Un appel de sa mère lui apprenant que son père est alité et souffre d’une pneumonie, la voilà quittant Londres pour retourner dans la maison familiale.


C’est à cette occasion que sa route va de nouveau croiser celle de Rollo Spencer par qui elle était secrètement attirée dix ans plus tôt. Le dialogue va rapidement se renouer entre eux. Et Olivia va se laisser happer par cette passion. Jusqu’à s’oublier ? 


Ce roman de Rosamond Lehmann est beaucoup plus grave que L’invitation à la valse. Moins d’humour, plus d’introspection et de nostalgie mais une plume toujours aussi pleine d’élégance et des personnages auxquels on a du mal à s’arracher.


Olivia est à la fois très libre, elle est séparée de son mari sans être divorcée, elle travaille pour subvenir à ses besoins, sort beaucoup, et à la fois très corsetée par la société dans laquelle elle évolue. Elle essaie ainsi tant bien que mal de conserver un équilibre entre ce qu’elle souhaite et ce qui est acceptable.


Si dans L’invitation à la valse, Olivia avait la légèreté de ses 17 ans, on sent ici qu’elle a gagné en maturité et en gravité face aux épreuves de la vie. Sa liaison avec Rollo faisant partie de ces épreuves car si elle sait qu’il ne quittera jamais sa femme, comment ne pas l’espérer malgré tout. Rosamund Lehmann entre ainsi dans les pensées les plus intimes et complexes d’Olivia alternant le « elle » et le « je » et donnant au lecteur cette impression d’être à la fois spectateur et acteur. 


Ce roman est aussi une satire sociale de l’époque, mettant en avant les petites hypocrisies et les petits arrangements, ce qui nous vaut de beaux moments d’humour. Encore une fois, le style de Rosamond Lehmann est d’une extraordinaire modernité et les sujets abordés toujours autant d’actualité. Il me semble qu’il s’agit d’une grande écrivaine injustement méconnue et l’édition de ces deux romans chez Belfond Vintage est un bien bel hommage à son talent.

Christlbouquine
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le 16 nov. 2020

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