Je ne vous aime pas par Michaël Bruce

Dès les premières pages j'ai été immédiatement pris en haleine. Dans la ville rose tout est noir, brutal, violent, dérangeant et l'écriture est tout autant maligne que les personnages sont excessifs. Chapitres courts et incisifs, aux héros auxquels on ne s'attachera jamais, du flic au tueur, du médecin légiste aux collègues incompétents, des femmes aux maîtresses, Éric Cherrière nous entraîne dans une alternance de récits judicieuse : texte en italique concernant les flashbacks avec le petit garçon, l'utilisation de la troisième personne pour le flic Balési et, pour malmener le lecteur d'avantage, la première personne concernant le point de vue du tueur en série.
Certes, le face à face est connu avec son flic acharné et solitaire à la poursuite d'un tueur froid et méthodique qui ne laisse jamais rien au hasard. Mais JE NE VOUS AIME PAS, qu'il ne faut pas à mettre entre toutes les mains, est un pur thriller noir avec ses personnages ahurissants, bousillés par la vie, attaqués par la folie. Également mélancolique et torturé, il possède un phrasé vif, des dialogues tranchés qui produisent un rythme très soutenu et qui ne se relâchera que dans 100 dernières pages plus "raisonnables".
D'une horreur jouissive, sexuelle et perverse, ce polar comprend son lot de rebondissement et sonne comme le roman noir parfait de l'année 2010. Si vous voulez être bousculé, scotché dans un univers immoral, c'est le bouquin qu'il vous faut. Ce sont près de 500 pages que j'ai adoré à pleine couture.