Et si le succès populaire trouvait ses racines dans le "petit" roman de François Boyer

“Jeux interdits” est le premier roman de François Boyer. Il a été édité avec le titre : “Jeux inconnus” en 1947 puis réédité en 1952 après la sortie du film éponyme de René Clément. Le titre évoque les quelques notes de guitare qui constituent la bande son du film.

Paulette, une enfant perdue pendant la débâcle du début de la seconde guerre mondiale, se retrouve orpheline à la suite des attaques d'avions sur les convois civils. Elle s’éloigne du convoi et des agressions incessantes des “loups”, ses pas la conduisent vers Michel, un garçon plus âgé qu’elle et qui la prend sous son aile.

Elle orpheline et lui martyrisé par une famille plus préoccupée de se quereller avec les voisins que d’éduquer et de soigner leurs enfants vont se rencontrer autour de simulacres d’enterrement que Paulette reproduira pour toutes sortes de créatures à commencer par un chien mortellement blessé qu’elle prend sous son bras au moment de quitter la route. Michel l’aidera en lui fournissant des crucifix et d’autres accessoires volés dans les églises et les cimetières.

Bien que le grand succès du film (primé aux Oscar, à la mostra de Venise et au festival de Cannes) qui a effacé le roman au point de lui changer son titre, repose sur la musique devenue un classique des cours de guitare mais aussi sur l’émotion de ce flash back d’après guerre sur cet épisode sanglant, il ne faut pas minimiser le discours critique, en filigrane du texte, sur la façon dont la société maltraite ses enfants. La querelle de voisinage qui assombrit la vie de Michel n’est pas sans rapport avec celles immensément plus grandes qui ont dévasté l’Europe, la bêtise des parents de Michel n’est pas sans rapport avec l’aveuglement des classes dirigeantes qui par toutes une cascades de mauvaises décisions aura précipité l’Europe dans ces évènements tragiques. Dans ce chaos, pour calmer sa douleur, la petite Paulette n’a guère d’autres formes d’expression que d’enterrer les morts pour les garder vivants. C’est une interprétation libre et je crois que c’est ce qui a touché le public au cœur en voyant l'interprétation que René Clément a fait de ce roman.

Le livre de 149 pages se lit rapidement, il donne à voir un monde rural arriéré dans une société en total désordre.


Mmlireetecrire
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le 16 juin 2023

Critique lue 13 fois

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