Joseph
7.2
Joseph

livre de Marie-Hélène Lafon (2014)

Le Joseph est un gars simple. Attention, ce n’est pas le simplet du village, non, loin de là, il parle un français châtié. Cet homme est la correction même. Joseph est ouvrier agricole. Son frère jumeau, Michel, comme l’a dit le père, a tout pris. Michel travaillait bien à l’école alors que Joseph ne savait que compter. Joseph a eu une vie difficile et son jumeau Michel s’est rallié aux autres pour l’abaisser. D’ailleurs Michel, parti loin de chez eux a même emmené la mère suite au décès du père. Il ne reste rien à Joseph. Il est seul.
Joseph, un ouvrier agricole comme j’en ai connu. Un gars qui vit avec ses patrons tout en restant à sa place. Un gars d’un autre monde, d’une autre époque. N’ayant pas de chez lui, dès la retraite, il ira dans une maison de retraite à Riom rejoindre la cohorte des comme lui. D’ailleurs le patron, en riant, lui disait qu’il gagnerait plus qu’eux, les patrons, à la retraite. Le fils va prendre la succession du père et veut travailler seul, pas besoin d’ouvriers, trop cher, pas rentable. Le machinisme, c’est l’avenir.
Joseph est un taiseux. Il regarde, il observe, il enregistre, mais ne dit rien, sauf à nous les lecteurs. Il est à son aise à la ferme. Pas besoin de lui donner des ordres, il sait ce qu’il doit faire et le fait bien. Comme une plante fragile, il s’étiole hors les murs. Il soliloque beaucoup en travaillant, cela lui permet de ne pas laisser certaines pensées revenir et puis, il aime à se souvenir. D’ailleurs la patronne, Joseph l’aime bien. Il ne dit rien mais l’observe et sait lorsqu’elle est contrariée. Grâce à elle, il a remonté le fil de sa vie, ne boit plus, se tient propre. Il aime les préparer les arrosoirs avec lesquels elle arrosera ses fleurs. Oui, c’est une bonne patronne pour lui.

Joseph, un livre où le ton est juste. Je ne peux m’empêcher de penser à Raymond Depardon. Marie-Hélène Lafon parle d’un monde paysan qui disparait. Maintenant, ce sont des agriculteurs et ils doivent augmenter, augmenter, terre et cheptel pour espérer s’en sortir. Ce nouveau monde nous « offre » la ferme des 1000 vaches, ou l’industrialisation de la ferme.

« Joseph ne laisse pas de traces et ne fait pas de bruit ». Cette phrase définit très bien ce taiseux greffé dans la vie des autres.
zazy
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le 20 mars 2015

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zazy

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