Paru en 1994 et lauréat du Prix Alvine-Belisle de la même année, "Klonk" est le premier d'une série de 12 tomes, qui sont réédités jusqu'à nos jours. Une sorte de petite classique, donc. Cette oeuvre québécoise est classée "jeunesse", mais garde tout de même toute sa pertinence pour le lectorat adulte.
Fred est le cinquième d'une fratrie dont les aînés sont "atteints" d'adolescence. Fred s'amuse à nous décrire quels en sont les principaux "symptômes",en expliquant que cette bande d'ados et lui ne partagent donc pas beaucoup de temps ensemble ou de points communs. Qu'à cela ne tienne, Fred est, comme la plupart des enfants, un amateur de hockey sur glace. À cette époque ( nous sommes dans les années 60, où les Babyboomers sont entre enfance et jeune adulte) les familles nombreuses lui donne pleins de compagnons de jeu. Hélas, un jour, il se fracture une jambe et doit rester à la maison. Bien sur, cette époque, on ne pouvais pas végéter devant les écrans ( de toute façon, son frère Louis s'accapare la seule TV en noir et blanc) alors Fred tente de tuer le temps comme il peut. Bien vite, il fait le tour de ses BD et ne trouve plus personne pour jouer au monopoly. Heureusement, les vacances des fêtes achèvent et il retourne sur les bancs d'école. C'est là qu'il constate que sa jambe ne lui permet pas de jouer avec les autres à la récréation et c'est là qu'il remarque Klonk, élève au nom imprononçable, qui a lui aussi un handicap. Rescapé de la poliomyélite, il a un bras paralysé et plus court que l'autre, ce qui l'exclut d'emblée des activités de la récréation et des sports de rue. Cependant, Klonk connait le meilleur moyen au monde de tromper l'ennuie et Fred y sera bientôt initié. Un hobbies qui ne faisait pas vraiment parti du paysage culturel à cette époque: la lecture.
C'est un roman simple, sans fioritures et pourtant on y plonge facilement. Bien sur, c'est amusant cette allégorie sur les ados "qui attrapent" l'adolescence, avec tous les petits travers et inconvénients assez typiques de cet "âge ingrat". Étonnamment, même près de trente ans plus tard, ça reste assez juste, mais il faudrait ajouter les cellulaires et consoles vidéos pour rejoindre la modernité. Bref. Des ados donc, qui sont gentiment le centre des moqueries de Fred et qui composent une réalité sociale assez généralisée dans les pays occidentaux: le Babyboom, une génération très peuplée. Une génération aussi qui ne connaissait pas l'avènement électronique, puisque même la Tv était encore à ses débuts. Contrairement ce qu'on aurait pu penser, la lecture n'occupait pas beaucoup d'espace chez la jeunesse québecoise, mais à sa défense, les livres jeunesse québecois étaient peu nombreux aussi. Ce n'est donc pas très surprenant de voir Klonk et Fred se tourner vers des classiques européens de Doyle ou Stevenson. Néanmoins, c'était une génération "qui jouait dehors", surtout au hockey sur rue ou sur glace, avec les nombreux enfants qui peuplaient les quartiers d'alors. Ce n'est donc pas quelque chose que les jeunes de 2020 connaissent vraiment.
Ce n'est pas ma génération non plus, moi qui ai le même âge que le présent roman, mais c'est intéressant justement de voir cette histoire qui se déroule dans le Québec des années 60. Et son message lui, vieillit bien et va demeurer universel: lire permet de s'évader et développer l'imagination.Attraper la lecture rend moins "débile" et c'est un état qui ne fait que croître.
Également, j'aime le fait que Klonk présente un handicap physique, car il n'y a toujours pas beaucoup de personnages ayant ce genre d'exotisme dans la littérature jeunesse, même si la tendance est à la hausse. On embarque donc dans le thème du rejet, puisque Klonk n'est retreint dans les activités sociales, essentiellement sportives à l'époque. Fred lui même ne reçoit pas beaucoup de soutient suite à sa blessure et est rapidement rejeté de la bande de jeunes hockeyeurs de sa rue ou de son école. On n'a pas chercher à l'adapter ou à changer les jeux pour qu'il puisse suivre. On l'a simplement mit de côté.
Finalement, il y a un petit côté mystérieux dans cette histoire, puisque Klonk a la faculté de disparaitre littéralement quand il lit une histoire passionnante, comme s'il était aspiré dans le livre. On n,a pas toutes les réponses dans le premier tome, mais cette singularité intrigue, forcément.
J'ai donc beaucoup aimé ces deux amis liés par le pouvoir des livres, qui finissent par se retrouver 30 ans plus tard, l'un inventeur et l'autre illustrateur. À certains égards, je trouve que Fred ressemble à son auteur, François Gravel, devenu aussi une figure connu des livres jeunesse au Québec. Une chose est sure, ce duo créatif vont surement en vivre des choses ensemble, alors il va falloir que je me penche sur le reste de la série ( 11 autres petits tomes!)
Pour nos amis européens: sachez que le langage du roman n'est pas en "joual", c'est assez international, donc à votre portée sans problèmes.
Pour les profs et parents, à titre indicatif ( mais pas absolu!), on situe ce roman autours de 9-10 ans ou 4e année primaire en montant, en terme de niveau de lecture.

Shaynning

Écrit par

Critique lue 60 fois

D'autres avis sur Klonk

Klonk
Cathee
8

Critique de Klonk par Cathee

J'ai beaucoup aimé le premier tome de la collection Klonk. C'est un livre merveilleux qui parle d'imagination et de différence. Je l'ai lu à l'école quand j'étais plus petite et j'ai adoré. Je le...

le 12 août 2011

Du même critique

Heartstopper
Shaynning
6

Critique de Shaynning

Cette Bd, qui a un format de roman, donne le ton dès sa couverture: deux gars qui sont appelés à se rapprocher malgré des looks plutôt différents. Même les couleurs illustrent d'emblée la douceur de...

le 24 févr. 2023

4 j'aime

Le Réveil du dragon - Brume, tome 1
Shaynning
8

Critique de Shaynning

Incontournable BD Jeunesse Juillet 2023Quel petite pépite cette BD. Une introduction originale, un personnage principal de type témoin, une petite sorcière dont la confiance en soi n'a d'égal que ses...

le 30 juil. 2023

3 j'aime

2