C'est le premier livre de Marguerite Duras que je lis, aussi l'obtention du Prix Goncourt et le fait qu'il reprenne des thèmes récurrents des oeuvres précédentes m'y a conduit, en sus des échos généralement émus et positifs que j'en avais reçu.
J'ai également trouvé ce roman autobiographique assez beau, rempli d'émotions et de tristesse mêlée. Les scènes d'amour ne m'ont pas choqué, ni lassé : si elles sont décrites assez longuement, il en émane tout de même étrangement une certaine pudeur, du fait qu'elle exprime la gêne jointe au plaisir qu'elle a pu y prendre.
J'ai été déconcerté et touché par l'introduction sur la laideur et cette sorte de "droit à l'amour" des personnes dénuées de charme. Dans les premières pages, elle se livre à un exercice d'auto-description très objectif et réaliste.
Mais le titre est très réducteur : si cette relation en est bien le centre, cette oeuvre est consacrée à une tranche de vie d'une jeune Française en Indochine, de ses relations avec sa mère, ses frères et soeurs, assez mouvementés.
J'avais toujours refusé de me livrer à la lecture des oeuvres de cet auteur jusque là, car les souvenirs que j'avais d'elle, qui remontent chez moi à l'âge qu'elle avait dans le livre, me rebutaient : elle me paraissait assez passablement prétentieuse, en prenant des airs de vanité pour énoncer des vérités premières et enfoncer des portes ouvertes.
L'Amant m'est apparu comme un roman triste et beau, moins subversif que ce que j'en ai entendu.