L'Amulette de Samarcande est le premier tome d'une trilogie de fantasy un peu particulière. En effet, la saga de Bartiméus écrite par Jonathan Stroud narre une histoire de magiciens... narrée principalement par un démon !


En bref : dans une Angleterre du XVIII ème siècle remaniée à la sauce Fantasy, on suit les péripéties de Nathaniel, un jeune magicien avide de se faire un nom... et de Bartiméus son démon bien malgré lui. Ce dernier est chargé de dérober un puissant artefact de pouvoir appelé l'Amulette de Samarcande, évidemment détenu par un puissant confère. Que Nathaniel cherche initialement à se venger d'une déculottée (littéralement), que la cible soit un des magiciens les plus puissants d'Angleterre ou encore que Bartiméus ait plus envie de lapider son maître que d'obéir aux ordres, le tout en plein milieu d'un début de révolution anti-magicien... tout cela promet une bonne pagaille et une aventure au genre inédite.




Tout d'abord, un peu de contexte. Nous sommes embarqué dans une aventure au coeur de l'Empire d'Angleterre du XVIIIème siècle. Ce dernier est la puissance principale en Europe et en Amérique, principalement grâce à la puissance de sa classe dirigeante : les magiciens. Les vieux empires sorciers de Salomon ou de république Tchèque sont oubliés, place à l'aristocratie anglaise et à ses démons.


Car ici tous les magiciens tirent leurs pouvoirs des démons. Du petit gnome capable d'écouter aux portes en passant par les puissants marids, forces de la nature pouvant ravager une cité à eux seuls, tous sans exceptions sont contraints d'obéir aux ordres. Pour cela le magicien suivra une longue et rigoureuse formation, apprenant les pentacles sous l'égide de son maître instructeur ainsi que le bon état d'esprit pour faire face aux démons. C'est-à-dire le plus froid, impassible et impitoyable possible. Car à la moindre erreur, c'est la mort infligée par votre ex-fidèle serviteur. Tous les moyens sont bons pour obéir aux ordres à la lettre (s'ils sont bien formulés s'entend) tout en dénaturant le plus possible l'effet voulut.


Comme tous les magiciens avant lui, Nathaniel n'était qu'un enfant quand son potentiel a été découvert. Enlevé à ses parents, il a été confié aux bons soins d'un instructeur. Derrière sa nature naïve se cache une ambition démesurée qu'à bien du mal à satisfaire son pauvre maître de seconde zone. En manque de reconnaissance, il commet une bévue et se voit humilité publiquement. Blessé dans son orgueil il a alors recours à l'invocation d'un Djinn pour se venger.


C'est ici qu'apparaît Bartiméus ! Les Djinns sont des démons de puissance intermédiaire, c'est-à-dire tout à fait disposé à commettre un massacre. Grande est donc la surprise de Bartiméus quand un si jeune magicien l'invoque et prétend le faire obéir, l'envoyant pour une mission suicide...


Comme expliqué plus haut, l**e récit a la particularité d'être très souvent exprimé du point de vue de Bartiméus**, en opposition avec son maître. C'est lui le principal ressort (et point fort) de l'intrigue. Avec sa personnalité extravertie, rebelle (pour ne pas dire complètement anarchiste et bordélique), sa langue bien pendue, il s'emploie à nous narrer par le menu ses aventures.


Egayés de nombreuses anecdotes sur la stupidité des humains, la supériorité des démons en général et son incroyable histoire, étalée sur plusieurs siècles d'invocation, on suit l'aventure du cambriolage un peu particulier proprement dit. Les échecs se transforment sous son verbe en braves tentatives, les fuites précipitées en replis stratégiques. Ni la mauvaise foi, le mensonge pur et simple ou une occasionnelle transformation en succube ne sont de trop pour déstabiliser Nathaniel.


L'auteur à recours à un nombre proprement invraisemblable de notes en bas de page pour nous gratifier d'explications utiles sur l'univers... ou de commentaires superflus de la part de Bartiméus. L'humour anglais est très présent, il faut aimer les situations basées sur l'absurde, le décalage de situation et une forte dose d'ironie et de second degré. Toutes les ellipses imposées par notre héros-démon ralentissent un peu l'intrigue et rendent parfois une situation un peu difficile à suivre. Cependant, elles ajoutent incontestablement un coté drolatique et rafraîchissant au récit. Par contraste les passages avec Nathaniel sont beaucoup plus froids et posés (même racontés par un gosse), faisant de Bartiméus le véritable héros du roman.


En somme c'est un premier tome extrêmement spécial, son style vous ravira, ou au contraire vous perturbera. Si vous êtes dans la première catégorie, les deux tome suivants sont dans la même veine, enrichissant sensiblement l'univers et les personnages et avec un final génialissime pour couronner le tout !

Cluric
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le 3 nov. 2016

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Cluric

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