Un gros bestiaire. Mais un bestiaire quand même.

D'une taille relativement imposante, ce supplément pour AdC se veut donc être un recueil de toutes les bestioles ayant un jour été mises en scène dans un quelconque ouvrage relié au Mythe de Cthulhu. Sans être un grand connaisseur dudit mythe, je dirais que c'est réussi : il y a tellement de références que ça en donnerait presque le vertige.

Chaque entité / espèce est présentée par un extrait de l'ouvrage où elle apparaît, suivi d'un ou plusieurs paragraphes pour la situer et la décrire dans les grandes lignes, puis par plusieurs points spécifiques (concernant, très souvent, les différentes méthodes à disposition de la créature pour dépecer ses adversaires). Vient ensuite le traditionnel profil technique.
De plus, un gros effort a été fourni pour illustrer presque toutes les entrées du Malleus Monstrorum par des images ou des photos qu'on peut attribuer à la créature décrite, sans jamais la montrer "littéralement" : on nous montre un E.E.G. anormal pour le Chorazin, une représentation d'un concept astrophysique du début du XXème siècle pour Azathoth, etc. Sympathique, même si une représentation plus terre-à-terre aurait également pu être intéressante (à supposer qu'on puisse représenter la chose décrite).

Globalement, on en apprend énormément sur les créatures du mythe : culture, point faibles, etc. Dans le cas des déités du mythe, par contre, cette structure est le véritable point faible de l'ouvrage. Trop succinctes, les descriptions ne permettent pas vraiment d'appréhender l'ampleur de ces "choses" comme il se doit. Difficile, sur la base de ce supplément, de mettre en scène une entité dont le MJ ne savait rien avant (à moins de se plonger ensuite dans les ouvrages de référence).
Qui plus est, le traditionnel reproche adressé aux lexiques des divinités cthulhiennes reste d'actualité : les profils techniques n'ont généralement aucun sens, car l'issue d'une confrontation tournera, quoiqu'il arrive, presque toujours à la mort ou à la folie des PJ. À quoi bon donner des valeurs chiffrées aux pouvoirs d'Ubbo-Sathla ?
Bref, en terme d'inspiration, on sent une perte de qualité lors de la description des divinités, alors que la partie sur les créatures est tout à fait intéressante.


Au final, ce supplément remplit son contrat. Rien de tel que de feuilleter quelques pages du Malleus Monstrorum à la recherche d'un nom étrange ou d'un concept dérangeant à développer. Ce livre est également pratique en guise de source d'informations supplémentaire dès lors qu'on souhaite en apprendre un peu plus sur certaines créatures du mythe. À défaut d'être une franche réussite, Malleus Monstrorum reste une sorte d'abécédaire pour les MJ de Cthulhu, auquel ceux-ci pourront sans cesse se référer pour composer et étoffer leurs scénarios.