Lire Thomas Day, que cela soit sa SF ou sa fantasy, du roman ou de la nouvelle, c'est toujours une expérience de violence. Il sait, dans ses configurations d'histoire, son style protéiforme, ses personnages touchants et atypiques ; mettre en œuvre le chaos.
On va suivre ici le périple, initiatique devant l'éternel, de Melchior Hauser, automate joueur d'échec de l'ère napoléonienne en quête de réponses. Ici, notre brave Pinocchio cherchera son créateur afin de découvrir s'il possède une âme et ainsi résoudre l'insoutenable mystère de son existence.
Melchior traversera donc, dans un délicat (et délicieux) contexte uchronique, une Russie vaincue par Napoléon, une Nuremberg française pour finir en Afrique pour un final époustouflant et mystérieux (l'Afrique de Thomas Day est terre de mystères). Et ceci, sur cent pages, saluons la maestria. L'atmosphère, qui flaire bon le steampunk (le modeste, celui qui te procure des tas d'émotions au-travers une ambiance plutôt qu'un design), joue pour beaucoup au récit qui en plus d'être court, est un véritable plaisir à lire.
La réflexion autour du créateur et de la créature, très Shelley dans le déroulé, est aussi subtile que magnifiée par la quête religieuse d'un frère (roi-mage en quête de sa célébration ?) qui saura instiller le malaise (et la violence, comme attendue) dans une histoire au demeurant très intimiste.
Vous pouvez donc lire "L'automate de Nuremberg", qui se présente là comme l'alliance parfaite entre une exigence de qualité soutenue et un format réduit.