Si j'avais déjà trouvé indigente « La Ligue des héros » du pourtant talentueux Xavier Mauméjean, avec « L'école des assassins » de Thomas Day et Ugo Bellagamba j'ai franchi un palier supplémentaire dans l'exploration des resucées pitoyables de l'imaginaire collectif. Comment expliquer que le remarqué Ugo Bellagamba ait pu s'associer au fielleux Thomas Day pour produire ce conglomérat de caricatures littéraires ? D'Ugo Bellagamba, son doctorat en histoire du droit a forcément été un apport non négligeable à certaines parties du texte qui nécessitaient des connaissances approfondies dans les processus d'élaboration des textes de loi.

De Thomas Day, il faut bien le reconnaître, les deux volumes de « La voie du sabre » et « L'instinct de l'équarisseur » sont des chefs d'œuvres absolus. On regrettera simplement que, hormis ces incontournables, Thomas Day se consacre à ses premières amours, à savoir de bonnes vieilles historiettes bien gore où la violence le dispute aux descriptions anatomiques que tout boucher-tripier pourrait trouver poétiques si ce n'était ce besoin compulsif de l'auteur à toujours vouloir forcer le trait. Bien sûr, Thomas Day est également le chroniqueur d'une revue où il prend un malin plaisir à dégommer ses congénères écrivains quand il ne s'agit pas de les calomnier avec une haine patente et un mépris flagrant de tout ce qui n'a pas l'heur de toucher sa fibre scripturo-tripière.

Mais revenons-en à ce texte publié par Le Bélial' – qui publie également la revue dont il est question plus haut – et voyons de quoi il en retourne. Pour créer cet univers, les auteurs ont commencé par s'inspirer des X-men, des dessins animés japonais tel « Ken le Survivant », de mangas, de bons vieux films de kung-fu hong-kongais et de thrillers scientifiques bouffis de nanotechnologies. Et à la sortie du shaker, on découvre « L'école des assassins ».

Marion Strauss dirige cette fameuse école. Ses assassins ont d'abord été des enfants – souvent kidnappés à leurs parents – qui ont suivis des entrainements intensifs, subis des manipulations génétiques voire été implantés avec des nanotechnologies. Le résultat donne une quarantaine de machines de guerre dotées de superpouvoirs.

Voyager Concept, la petite société criminelle de Marion Strauss, a pignon sur rue et s'emploie essentiellement à combattre les triades de Hong-Kong. Enfin, cela est la version officielle. En effet, après le Samouraï, qui n'est autre que le propre fils de Strauss, c'est au tour de Ryu l'Acrobate de faire sécession. Tous deux, pour des raisons bien différentes, vont se retrouver en pleine ligne de mire de Voyager Concept. Mais leur féroce volonté d'éliminer Strauss les réunit.

Il n'est pas question ici de démarrer une réflexion sur le « tuer le père » etc... Cette histoire reste tout ce qu'il y a de plus conventionnelle et sa conclusion n'a rien de révolutionnaire. On reste sur sa faim, mais ce n'est pas une grande surprise tant cela est courant dans ces romans qui privilégient les effets à la construction de l'histoire. On sort de ces lectures comme on y est entré et on y passe rarement de bons moments. Aussi, je pense qu'ayant survécu à cette épreuve, il m'est possible d'affronter l'écriture d'un Marc Levy ou d'un Douglas Kennedy dont un des ouvrages vient de sortir en poche. « L'école des assassins » se lit par curiosité, mais reste un texte superficiel et outrancier qui n'apporte pas grand chose aux lecteurs de SF aguerris.
Bobkill
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le 13 nov. 2010

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