Sans doute l'un des plus mauvais livres que j'aie lu ces dernières années. Même si je n'avais pas aimé "Harry Quebert", que j'avais trouvé particulièrement mal écrit, j'ai entamé la lecture de cette "Enigme de la Chambre 622", un livre - sadiquement ? - reçu en cadeau, en espérant un divertissement sans conséquence (après tout, je suis un lecteur régulier de Harlan Coben, alors je ne fais pas particulièrement le malin...). Las ! Cette lecture s'est transformée en épreuve dantesque, tant les 500 et quelques pages de cette "œuvre" (rire douloureux) ont généré une souffrance rare en moi. Et oui, je termine toujours les livres que j'ai commencé !


Petite revue rapide du désastre :



  • un "style" littéraire risible, d'une niaiserie ahurissante

  • une histoire aberrante, succession épuisante de va-et-vient, de retournements de situation absurdes, qui ne prête qu'à rire. Il faut d'ailleurs vraiment avoir un culot incroyable pour oser prendre comme ressort principal [attention, spoiler] l'utilisation de masques ultraréalistes façon "Mission : Impossible" !

  • des personnages dignes de ces romans à l'eau de rose que l'on croyait enterrés avec les années 80 : riches, beaux et puissants, bien entendu

  • des trucs de narration vraiment pas possibles, avec un cliffhanger pourri à la fin de chaque (oui, chaque !) chapitre, histoire de garantir que le lecteur poursuivra l'aventure

  • un manque total du moindre réalisme : Dicker ne sait visiblement rien de ce en quoi consiste le travail de banquiers, ni du personnel de l'hôtellerie, alors que son "bouquin" ne parle que d'hôtellerie et de banque. Faire le moindre travail de recherche en amont ne lui a pas semblé nécessaire, ce qui donne une idée du respect qu'il a de son métier et de ses lecteurs. De plus, on remarquera avec stupéfaction que dans le monde Joël Dicker, les ordinateurs et les téléphones portables n'existent pas (on suppose que leur existence est commodément oubliée car elle empêcherait les absurdités racontées ici de "fonctionner"...).

  • et surtout, une idéologie nauséabonde : voilà un bouquin qui méprise clairement les pauvres (le personnage honteux de la bonne avec son accent ridicule, le comportement de parasites de la famille russe...) et qui défend bec et ongle "l'éthique helvétique" (je rigole...) du secret bancaire.


S'il y a 5% de tout ça à sauver, c'est certainement l'idée amusante de la mise en abyme - dont Dicker ne fait finalement rien, mais bon... - et surtout l'hommage que l'on sent sincère à son éditeur. C'est trop peu pour compenser le désastre intégral qu'est cette "Enigme de la Chambre 622".


[Critique écrite en 2021]

EricDebarnot
2
Écrit par

Créée

le 8 mai 2021

Critique lue 1.9K fois

18 j'aime

5 commentaires

Eric BBYoda

Écrit par

Critique lue 1.9K fois

18
5

D'autres avis sur L'Énigme de la Chambre 622

L'Énigme de la Chambre 622
HUBRIS-LIBRIS
1

Critique de L'Énigme de la Chambre 622 par HUBRIS-LIBRIS

Genève. Un hôtel huppé où l'auteur himself y séjourne pour quelques vacances. Entre deux plaintes au sujet de son éditeur décédé l'année précédente, il y fait la rencontre de Scarlett, riche...

le 13 mars 2020

17 j'aime

6

L'Énigme de la Chambre 622
fabien1983
6

Plaisir de lecture inégal

Une trop grande utilisation des sauts temporels, une inégalité d'écriture, des passages qui font beaucoup penser aux derniers jours de nos pères qui n'est quand même pas le meilleur livre de Joël...

le 24 juin 2020

12 j'aime

2

L'Énigme de la Chambre 622
Lubrice
4

Demain j'arrête !

Publié sur L'Homme Qui Lit : Difficile d’être passé à côté de la sortie du dernier Joël Dicker, sortie décalée de fin mars à fin mai à cause de la fermeture des librairies pendant l’épidémie de...

le 29 juin 2020

11 j'aime

4

Du même critique

Les Misérables
EricDebarnot
7

Lâcheté et mensonges

Ce commentaire n'a pas pour ambition de juger des qualités cinématographiques du film de Ladj Ly, qui sont loin d'être négligeables : même si l'on peut tiquer devant un certain goût pour le...

le 29 nov. 2019

204 j'aime

150

1917
EricDebarnot
5

Le travelling de Kapo (slight return), et autres considérations...

Il y a longtemps que les questions morales liées à la pratique de l'Art Cinématographique, chères à Bazin ou à Rivette, ont été passées par pertes et profits par l'industrie du divertissement qui...

le 15 janv. 2020

190 j'aime

105

Je veux juste en finir
EricDebarnot
9

Scènes de la Vie Familiale

Cette chronique est basée sur ma propre interprétation du film de Charlie Kaufman, il est recommandé de ne pas la lire avant d'avoir vu le film, pour laisser à votre imagination et votre logique la...

le 15 sept. 2020

185 j'aime

25