Un peu de fraîcheur dans ce monde de brutes.

A priori, il s'agit d'un space-opera classique, mais c'est sans compter sur le talent de Robert Silverberg qui en reprend tous les codes pour mieux les détourner :
- L'élite de l'empire galactique (et ses jeux de pouvoirs complexes) est mise en scène juste le temps de la moquer (les Gadjés en prennent pour leur grade à chaque page, je vous rassure).
- De multiples planètes, toutes plus extravagantes les unes que les autres sont rapidement décrites dans la plus grande tradition de la SF (l'une est entièrement recouverte par un océan organique, une autre par de la glace, l'un de ces mondes est même habité par des vers géants – petit clin d’œil à l'univers de Dune).
- C'est un livre qui ne se prend pas au sérieux : il ne livre donc pas de grandes morales sentencieuses. Je constate toutefois un thème récurrent tout au long de l'étoile des gitans, celui du pouvoir. Le pouvoir est, en effet, une notion centrale dans les grandes sagas de space-opera en particulier (cf Dune, Hyperion, ou encore le cycle de Majipoor) et dans la SF en général. Ici, il est parodié, ridiculisé et réduit au rang d'un spectacle de guignols, traversé par la figure insaisissable du Roi des Gitans.

Le héros, Youkoub, traverse des péripéties improbables tout en nous délivrant ses « perles de sagesse » (les guillemets ne sont pas de trop), le Roi des gitans se prend, avec un magnifique sens du second degré, pour un philosophe alors même qu'on sent clairement sa mégalomanie et surtout son côté fanfaron – même son apparente modestie n'est pas crédible.

Le rythme est vif et bondissant avec une alternance entre les aventures de Youkoub et ses flash-back dans ses propres souvenirs ainsi que dans un lointain passé jusque là oublié par son peuple. L'humour est omniprésent et efficace tandis que le style est lumineux de simplicité et de fraîcheur.

En un mot comme en cent, je vous recommande la lecture de ce livre d'aventure pittoresque, quand bien même vous ne seriez pas un fan de nos amis les Gitans. :)