"L'horreur de Kill Creek", plus sobrement "Kill Creek" en VO, est un roman d'horreur publié en 2021 et écrit par Scott Thomas. Du Bragelonne Terreur, j'en ai mangé dans tous les sens, des grands, des petits, des perles, des immondices, de l'horreur cosmique, gore, d'ambiance, gothique, de fantôme, de monstres, de psychopathes... Autant avouer que la collection est particulièrement inégale. Inégale, certes, mais dieu sait que je n'attaquerai jamais plus que cette bravade: quel plaisir de voir de l'horreur régulièrement publiée!


Et ce "Kill Creek" fait plutôt partie du haut du panier. Premier roman de Scott Thomas, auparavant scénariste, il s'agit ici d'un roman d'horreur multipliant les mises en abime, clairement méta à bien des égards, faisant écho à sa propre rédaction en explorant l'horreur et ceux qui l'écrivent. Et c'est un des plus beaux compliments à faire à ce roman: il allie un classicisme maîtrisé et une véritable originalité du propos.


On a donc 4 écrivains d'horreur, officiant tous dans des sous-genres différents (de la "teenage horror", si je puis dire, à l'horreur pornographique qu'on pourrait trouver chez un Barker, en passant bien sûr par un Stephen King allégorique (et partageant les mêmes craintes de démence) et même... Un Scott Thomas?), qui vont à l'occasion d'un live sur Youtube se réunir dans une maison prétendument hantée pour livrer une interview SPOOKY.

Loin de nous livrer une classique histoire de poltergeist, Scott Thomas prend tout d'abord le temps d'installer des personnages forts. Loin d'en faire les simples victimes filmographiques d'entités surnaturelles, on suit des personnages bien trempés, chefs de file d'une horreur leur étant personnelle. Nos écrivains, en effet, cherchent autant l'explication paranormale qui gouverne Finch House que la raison les poussant à écrire des romans d'horreur (et punaise, y a de quoi).


C'est par ailleurs très bien écrit. Nous ne retrouvons pas la plume d'un Barker, ni la facilité d'immersion d'un King mais on se contentera de ces chapitres passant à toute vitesse, fluides et bien menés.

J'ai particulièrement apprécié la fin tranchée que nous propose l'auteur. Vous le savez, je n'aime pas les fin bâclées. J'ai toujours, de très loin, trouvé les derniers chapitres d'un roman les plus difficiles. Il n'y a décidément rien de simple à clôturer dignement 400 pages, King le sait trop bien, et Scott Thomas s'en sort plutôt bien. On peut même, en tirant sur la corde de l'hommage vaste à l'horreur, y voir un dernier rappel de ces fameuses chutes en jump scare vues et revues (vous savez, la main de Jason Voorhees qui sort soudainement de l'eau alors qu'on pensait l'avoir écrabouillé 5 minutes plus tôt?).


Bref, "Kill Creek" est un bon roman d'horreur, tenant autant de l'hommage intelligent que du roman divertissant. Laissez-vous donc tenter, en ce mois d'octobre, par ce genre de gourmandise empoisonnée...


#PumpkinAutumnChallenge2023 : catégorie "Perfectly splendid!".

Wazlib
8
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le 18 oct. 2023

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Wazlib

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