Harlem, un immeuble insalubre abrite un couvent de soeurs noires, mariées à un vieillard excentrique qui se prétend mormon. Le bâtiment grouilles d'enfants,, fruits des amours du siècle d'existence du patriarche. Le plus âgé, est affligé de retard mental et s'occupe de la cuisine. Sur la fenêtre est affichée une pancarte qui annonce rechercher des femmes fertiles, en effet, l'une des épouses étant décédée, il va falloir la remplacer. Dans le même temps, des mouvements politiques s'organisent dans le quartier. Un couple mixte compte monter une manifestation promouvant la fraternité des races. Les blacks muslims sont soupçonnés d'agitation urbaine, alors que le chargé de la tambouille, pas si bête que ça finalement, décide de fonder une nouvelle religion fondée sur l'idée d'un Jésus noir. Harlem est en ébullition, et c'est à deux flics de choc que l'on demande de trouver l'origine des troubles. Ed Cercueil et Jones Fossoyeur ne sont pas au bout de leur peines, habitués à faire régner l'ordre à l'aide de leurs calibres, ils devront cette fois faire preuve de plus de tact au milieu de la cohue.

Chester Himes, fervent défenseur de la cause noire nous livre ici le plus engagé de ses récits, d'ailleurs c'est le seul qui a une véritable portée politique. Se servant d'un fait divers et de ses souvenirs, il dépeint un quartier pittoresque, où se mêlent glauque et humour. Il ne croit pas en une éventuelle égalité des races et décrit ses "nègres" comme des paresseux, obnubilés par le sexe, ayant une joie de vivre à toute épreuve qui n'hésitent pas à arnaquer leur prochain dès que l'occasion se présente. Il soulève une question épineuse ; l'origine des conflits à Harlem, qui savent prendre tant de formes. Entre absurde et critique sociale, Himes utilise un procédé narratif novateur, compilant des fragments de l'intrigue, sans aucun lien apparent. Ceux-ci prennent tout leur sens dès le milieu du roman. J'ai lu également La reine des pommes, plus classique dans la forme, mais tout aussi savoureux. Sans revendications, l'auteur brosse le tableau fascinant d'un microcosme dont nous serons à jamais exclus.
Diothyme
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le 14 avr. 2012

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