Un bon livre de Schmitt, à la fois roman policier, fantastique et philosophique qui met en scène Augustin, un jeune journaliste stagiaire affamé et doté du don de "vision des âmes" de défunts qui hantent certains individus :la fille de son patron, le père d’un terroriste. Augustin est par hasard témoin et victime d’un attentat terroriste à Charleroi. Il mène alors l’enquête tout en étant lui-même suspecté par la police. La juge le suis de très près et ils ont des dialogues sur ses visions de fantômes et sur Dieu… Jusque là c’est très classique, c’est alors qu’intervient un personnage inattendu : EE Schmitt jouant son propre rôle, aurait-il lu Houellebecq ? C’est l’occasion pour notre auteur d'avoir le « beau rôle », de se montrer généreux et mécène, et aussi de confesser sa croyance en Dieu et de nous donner une leçon (très vulgarisée) de théologie de philosophie et de tolérance, dans un esprit à la fois rationaliste et œcuménique, une sorte de synthèse des religions du livre est proposée où l’intelligence prime et doit permettre une tolérance des autres croyances. C'est un combat contre les intégrismes. D’ailleurs, ce prénom Augustin fait référence à Saint Augustin, philosophe du passage du paganisme au christianisme.
Ainsi on voit vivre Eric Emmanuel avec ses chiens, entouré par un mur d’esprits qui le hantent et pas des moindres : Mozart, Pascal, Diderot, Bouddha, Colette, et une jeune femme disparue qu‘il a aimé … étonnant : il manque Jésus … Aussi bien entouré et influencé, il ne serait pas étonnant qu'il puisse nous dire comme Nietzsche dans Ecce Homo "pourquoi j'écris de si bons livres" . Schmitt propose donc à Augustin une rencontre-conversation osée et épique avec Dieu qui a bien lieu par le moyen d’une drogue, artifice Vaudou ... et on découvre Dieu... bon, à s’exprimer comme au café philo il perd de sa superbe mais c’est quand même assez cool… Il ne faut pas voir l'auteur comme un donneur de leçons, mais il exprime ici sa croyance profonde et c'est un plaidoyer dans l'esprit des lumières envers la tolérance et la liberté - A noter que" l'esprit" qui est le plus proche de l'auteur est l'encyclopédiste Diderot. Et cela confirme sa réflexion sur le rôle de l'artiste et de l'écrivain qui est là pour transmettre au plus grand nombre des idées philosophiques tout comme le le Dieu-écrivain annonce avoir écrit les livres sacrés pour instruire les hommes.
La fin est excellente et inattendue. Vraiment un excellent livre, bien ficelé et agréable et qui pousse à la réflexion.

Histoiredevoir
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le 15 août 2020

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