Abattoir de luxe... sans relief

Les dystopies me captivent souvent en raison de leur froideur et des réflexions qu'elles suscitent. C'est pourquoi j'ai remarqué "L'unité"...

Un facteur a concouru à me faire apprécier ce roman : le fait que j'éprouve jusqu'au bout l’envie de connaître l’issue de l’histoire et les réflexions qu'il comportait. Ce livre n’utilise pas de ficelles propres au page-turner, nous sommes loin du thriller ou du roman excitant… Mais il s’agit d’une dystopie, et j’ai donc cherché page après page le coup de massue, l’angoisse que génère l’inconcevable question “Que ferais-je à sa place?”, le frisson d’une critique acerbe, subtile et pertinente de la société.
J’ai donc tout lu à la recherche de ces apports prometteurs, pour finalement n’en trouver aucun.

Ce roman reste tiède de bout en bout. L’écriture n’est ni clinique ni poignante. Les résidents ne se révoltent jamais. Le système ne pose que très peu question. L’intrigue m’a paru molle et sans relief.

Dans les faits, les résidents de l’Unité s’entourent de gens “superflus” avec lesquels ils tissent des amitiés peu ou prou superficielles, se contentent d’un climat idéal puisqu’ils vivent dans une bulle où la plus belle saison rêvée subsiste immuablement, se satisfont d’un appartement confortable, d’une abondance de produits et services gratuits, … et ils s’en contentent en dépit des caméras de surveillance, des micros hyperperformants et des procédures strictes, imparables et fatidiques de l’institut auquel ils appartiennent.

Ninni Holmqvist a vraisemblablement voulu décrire la stupéfiante capacité d’un système à endormir ses sujets. Mais ce livre manque d’ingrédients qui alarment ou marquent à mon sens.

Il aborde les thèmes de la maternité (un peu), de l’amour (parlons plus volontiers de sexualité parce que, si les trop nombreux ébats sont chauds, les sentiments livrés tout au long du livre demeurent, eux, continûment froids), de l’amitié (non, du copinage), de la maladie et de la mort (bien présente, elle fait cependant autant de remous qu'un poisson dans un bocal, je salue donc au passage une absence de pathos très bénéfique...).
"L'unité" m'a semblé manquer cruellement de crédibilité, de profondeur et d'originalité.
La baffe cuisante qui est tant attendue dans les dystopies s'est fait attendre et n'est malheureusement jamais arrivée.

Ce livre aurait pu me plaire s’il s’était agi de la première lecture dystopique que j’entamais (on commence "léger"), mais en comparaison d’Orwell (1984), Bradbury (Fahrenheit 451) ou Atwood (La servante écarlate), ce roman ne fait à mon sens vraiment pas le poids.
Une déception.
Reka
5
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le 2 janv. 2014

Modifiée

le 3 janv. 2014

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Reka

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