La Compagnie noire
7.7
La Compagnie noire

livre de Glen Cook (1984)

Lorsque l'on débute la lecture, difficile de prétendre avoir été trompé sur la marchandise: de la corruption, de la racaille, une ville fétide, un mystérieux prédateur massacrant tout ce qui lui tombe sous la griffe, une guerre civile et enfin une impasse pour la bande de mercenaires composant la Compagnie Noire. Sauf que tout ceci n'est qu'une introduction et que la suite n'a pas grand chose à voir.

Ce premier tome des Annales de la Compagnie Noire est ainsi loin d'être aussi sombre que je ne l'imaginais, on retrouve une univers d'heroic fantasy tout ce qu'il y a de plus classique: un grand méchant tr0 d4rk et ses sous fifres psychopathes, les rebelles qui veulent leurs niquer leurs reums et de la magie à plus savoir qu'en foutre (bon on nous épargne les dragons et les elfes, c'est déjà pas si mal). L'originalité de la situation réside dans le fait qu'ici la Compagnie Noire bosse pour les "bad guys".

Voilà pour les présentations, maintenant parlons des points forts du bouquin de Cook. Commençons par des personnages secondaires attachants, pas foncièrement géniaux mais dont on prend plaisir à lire les dialogues, les péripéties et le quotidien de soldat (qui se résume à attendre en jouant aux cartes, se chamailler et se battre contre les rebelles). La guerre est traitée avec sobriété, ainsi pas de paragraphes affligés ou épiques sur le conflits et ses horreurs (même si elles ne sont pas passées sous silence), de ce côté ça colle très bien avec une bande de mercenaires endurcis. On aura néanmoins le droit à une bonne bataille finale bien menée sur plusieurs pages. Côté rythme ça n'est pas mal foutu non plus, on ne sait pas vraiment où on va, mais on y va et il y a suffisamment de choses qui se passent pour qu'on soit happé dans la lecture, néanmoins si on y réfléchit un peu on tombe après coup sur deux choses qui gâchent un peu le plaisir.

Tout d'abord le narrateur: chirurgien et annaliste de la Compagnie se retrouve tour à tour médecin, tueur à gage, philosophe, poète, conteur et chouchou du grand méchant. Alors on pourrait se dire "pourquoi pas ?" si il n'alternait pas ses activités toutes les 50 pages sans la moindre explication, même abracadabrantesque. Le mec il ne participe pas aux batailles (vu qu'il débite du moignon à l'arrière ou qu'il reste dans l'arrière garde), puis d'un coup il va dérouiller un mega gros sorcier badass avec son pote, puis un autre (qui est pourtant un "stratège de génie"), il recharcute quelques soldats, puis il repart buter un autre sorcier, puis encore un autre, entre temps les sorciers badass ils essayent de l'assassiner deux ou trois fois mais il s'en sort easy Lizy. Vu comme ça on pourrait se dire que le bonhomme est une machine à tuer froide et sûr de son fait... sauf que la psychologie et les pensées du personnage ne collent pas à son comportement, comme si un "cérébral" était coincé dans le corps d'un "fonceur". De même l'auteur met en place tout un tas de demi dieux plusieurs fois centenaire dont on vante la surpuissance, à la tête de milliers d'hommes mais qui se baladent neuf fois sur dix seuls, se font piéger comme des lapins et tapent la discut' ou se font massacrer par notre pauvre médecin et son petit arc. Bref en une phrase: trop de choses ne collent pas.

Certains auteurs tissent leurs intrigues avec talent, Cook n'en fait pas partie. Cette dernière arrive à être téléphonée, sans enjeu réel ni complexité et surtout sans grand intérêt, ainsi on lit le livre comme on suivrait un reporter de guerre, simplement pour les personnages secondaires. Bref le début de l'ouvrage pose tout un décor propice à un bon micmac politique mais l'abandonne aussitôt.

Au final ce premier tome des Annales de la Compagnie Noire est un bon bouquin: divertissant, bien rythmé et surtout attachant. Néanmoins on reste vraiment dans un classicisme tolkienien malgré tout, même si l'absence de manichéisme et le côté très terre à terre de la narration s'affranchissent de certains codes. D'ailleurs j'ai un peu de mal à comprendre pourquoi le livre est à ce point "hype" sur SC étant donné que ça reste de la littérature très conventionnelle pour ado et jeunes hommes.
Bref dans ce livre vous trouverez uniquement de l'heroic fantasy un peu plus mature que la moyenne, mais c'est à peu près tout.
BaguetteSèche
7
Écrit par

Créée

le 27 janv. 2014

Critique lue 430 fois

2 j'aime

BaguetteSèche

Écrit par

Critique lue 430 fois

2

D'autres avis sur La Compagnie noire

La Compagnie noire
Prodigy
8

Critique de La Compagnie noire par Prodigy

De la très bonne fantasy, sans pavé descriptochiants "regardez j'ai passé 2 ans à inventer un monde alors je vais vous en décrire la moindre brindille pendant des pages", sans trucs unbelibeubeul...

le 4 sept. 2010

21 j'aime

La Compagnie noire
San
8

Critique de La Compagnie noire par San

Les Annales de la Compagnie Noire, The Dude m’en avait parlé et ça faisait un moment que je voulais m’y mettre, mais sans trouver le bon moment. Un jour, au détour de la Fnac, le premier tome m’a...

Par

le 29 juil. 2012

19 j'aime

20

La Compagnie noire
EmmanuelLorenzi
5

Critique de La Compagnie noire par Emmanuel Lorenzi

L’écrivain américain Glenn Cook est surtout connu pour être l’auteur du cycle de la Compagnie noire, une série à succès que d’aucuns affirment classer dans la dark fantasy. On n’épiloguera pas ad...

le 8 nov. 2012

18 j'aime

10

Du même critique

Warframe
BaguetteSèche
8

C'est nul... ah non en fait.

Au début je voulais lui mettre 5: feeling pas terrible avec les flingues, très répétitif, progression fondée sur le farming... Mais en fait non. Pourquoi ? Car ce jeu dont on pourrait penser qu'il...

le 16 avr. 2013

33 j'aime

1

Au service de la France
BaguetteSèche
5

French bashing auto-infligé

"Nous sommes en 2015 après Jésus Christ. Toutes les séries sont produites par les américains... ...Toutes ?... Non ! Les comédies peuplées d'irréductibles français résistent encore et toujours à...

le 3 févr. 2016

25 j'aime

Rick et Morty
BaguetteSèche
8

Attention ce dessin animé n'est pas un dssein animé léger

Les Simpsons ont ouvert il y a déjà 27 ans l'ère du dessin animé caustique, suivi ensuite par toutes les déclinaisons de plus en plus absurdes du genre avec des séries comme Family Guy, King of the...

le 15 févr. 2016

22 j'aime

1