Mon plaisir à lire cet auteur injustement oublié ne se dément pas ! J’ai retrouvé dans "La corde au cou" tous les ingrédients qui m’avaient fait aimer "L’affaire Lerouge".
D’abord, une bonne intrigue, avec d’inavouables secrets, d’impénétrables mystères et d’improbables rebondissements. Comme dans "L’affaire Lerouge", Emile Gaboriau nous plonge dès les premières pages au coeur des événements, avec la découverte du crime. Il use ensuite de "flashbacks" contés par les protagonistes ou révélés par l’implacable mécanisme judiciaire pour dévoiler petit à petit au lecteur les tenants et les aboutissants qui ont mené au crime.
Et puis des personnages attachants et d’autres qu’on adore détester : de l’amoureuse dévouée au juge partial et impitoyable, en passant par le jeune prodige du barreau parisien, l’accusé qui refuse de se défendre mais qui force la sympathie, le policier aspirant jardinier génie du déguisement, ou encore l’idiot qui ne le serait pas tant…
Et, last but not least, l’atmosphère de la petite ville provinciale qui bruisse de mille rumeurs en cette fin de XIXème siècle. Peintre fidèle de son époque, Emile Gaboriau nous fait voyager dans le temps comme personne, et c’est franchement jouissif.
Seul bémol, on pourrait regretter quelques lenteurs descriptives par moments, mais l’écriture est vive, fluide, et je n’ai eu aucun mal à me laisser porter par le courant lorsque le vent narratif venait à faiblir.