La Disparition par Pirlito
Non, je ne m'essaierai pas à supprimer tous les "rond(s) pas tout à fait clos finissant par un trait horizontal" de ma critique. J'assume mon incompétence à écrire trois-cents pages de folie sans aucun "e".
En moyenne, cette lettre revient toutes les six lettres dans la langue française. 30 lignes, fois 40 lettres, fois 300 égal 360000 caractères imprimés. Georges Pérec a donc esquivé 60000 "e". Pour ça, chapeau.
Au delà de cette contrainte tenue parfaitement, l'histoire, chose plus incroyable encore, tient parfaitement la route. L'intrigue policière se délie petit à petit, doucement mais sûrement, jusqu'à la révélation finale.
Alors certes, le roman est long, dur à lire, car les tournures de phrases ne sont évidemment pas naturelles du tout. Mais l'inventivité de Pérec, sa malice, ("J'ai pris mon clique sans pour autant que j'omis mon claque") rendent le déchiffrage exhaustif de toutes les références impossible. Étouffés par cette culture littéraire extraordinaire, par la maitrise somptueuse des mots, on ne peut que s'incliner. Indiscutablement un très grand roman, aussi original que la coupe de cheveux de son auteur, c'est dire...