L'attente en valait-elle vraiment la peine ?

En 1693, un père jésuite de retour d'une expédition maritime ramène à Versailles deux étranges créatures, provoquant l'émoi de la Cour. S'agit-il d'animaux qui, en tant que tels, doivent être servis au banquet du Roi ? Ou bien, ainsi que s'en persuade la jeune sœur du religieux, sont-ils des êtres pensants à l'égal de l'Homme ?


Bien que le règne de Louis XIV soit loin d'être ma période de prédilection, j'avais repéré "La lune et le Roi-Soleil" il y a quelques années déjà : un roman historique avec une légère touche de fantasy et des monstres marins était un menu qui m'alléchait tout particulièrement. Publié en France en 1999, il n'était plus disponible. Heureusement, à la faveur d'une adaptation cinématographique dont la sortie en salles semble imminente, il vient d'être réédité en format poche. J'ai donc été ravi d'avoir la possibilité de découvrir enfin ce roman... Mais l'attente en valait-elle vraiment la peine ?


Première surprise en lisant les premières pages : on a là une écriture que l'on peut qualifier de scénaristique, avec de longs dialogues, de nombreuses didascalies, des répétitions de noms ("Machin dit ceci, Truc dit cela, Machin répondit cela") et de situations (les mêmes personnages vont, viennent et reviennent comme sur une scène, pour y effectuer un nombre limité d'actions dans un nombre limité de lieux)... Autant d'éléments qui sacrifient l'aspect purement littéraire à l'efficacité de la narration. On apprend grâce à la postface, qui d'ailleurs pourrait tout à fait être lue en guise de préface, que "La lune et le Roi-Soleil" a d'abord été conçu en tant que scénario pour Hollywood, ce roman étant une extrapolation de cette première version — ceci expliquant cela. Ce n'est pas un défaut en soi, mais mieux vaut être prévenu sous peine de ressentir, comme moi, une certaine déception...


C'est sans doute une simple affaire de goût, cependant j'aurais aimé plus d'histoires de monstres et moins d'histoires de robes, de coiffures et de fanfreluches. Les petites hypocrisies et autres mesquineries de la Cour sont plutôt bien rendues mais ce genre de vacuité a vite fait de lasser, voire d'irriter. De manière plus générale, avec un tel sujet autorisant tous les développements intellectuels, philosophiques et scientifiques, j'espérais quelque chose de plus consistant, de plus profond, de moins "facile". "La lune et le Roi-Soleil" est une lecture incontestablement plaisante, les pages tournent toutes seules, et ce pavé très digeste s'avale en quelques jours sans forcer. C'est un roman très abordable, pour tous types de lecteurs, que je recommanderais volontiers... même s'il n'a pas tout à fait répondu à mes attentes.

Oliboile
6
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le 2 sept. 2017

Critique lue 91 fois

Oliboile

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