La Maison de fer
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La Maison de fer

livre de John Hart (2011)

Les retrouvailles tumultueuses de deux frères

Je lis partout que John hart est un grand écrivain, et il doit y avoir du vrai là-dedans, car le bonhomme a remporté deux fois de suite le fameux prix Edgar du meilleur roman policier. Mais je vous mentirais si je vous affirmais que La Maison de Fer m'a passionné de bout en bout…


Petit résumé rapide de l'histoire. Michael est un mafieux au cœur d'artichaut qui n'a pas vu son frère Julian depuis qu'il avait 10 ans. Ce jour-là, les deux orphelins allaient se faire adopter par la femme d'un riche sénateur, et sortir par la même occasion de l'enfer de la "Maison de Fer". Dans cet orphelinat en ruines perché en haut d'une montagne, la loi du plus fort régnait. Si Michael savait se faire respecter, Julian était la proie de tous les tortionnaires en herbe, et par une froide nuit d'hiver, il a fini par tuer le pire d'entre eux d'un coup de couteau dans le cou. Prêt à tout pour protéger son frère, Michael a endossé l'habit du meurtrier et a dû ensuite lutter au jour le jour pour survivre dans les dangereuses rues de New York. 23 ans plus tard, le protégé du vieux parrain local veut se ranger, mais certains membres de la "famille" ne sont pas d'accord, et ils menacent de s'en prendre non seulement à sa fiancée espagnole, mais aussi à son frangin devenu complètement schizophrène suite aux traumatismes répétés de son enfance.


Commençons par les aspects positifs. L'écriture est plutôt correcte, et le dernier quart du livre multiplie des révélations que nul lecteur n'aurait pu soupçonner. Les agissements d'un personnage en particulier vont assurément vous surprendre (page 437), mais une fois que vous aurez appris le fin mot de l'histoire, vous comprendrez ce qui l'a amené à agir ainsi. Tout ce qui a trait à l'orphelinat et aux maltraitances subies par Julian est également assez poignant, et on peut regretter que l'auteur n'ait pas consacré davantage de pages à ces tragiques évènements. Enfin, aux deux tiers du roman, une séance de torture particulièrement crue prend le lecteur aux tripes.


Si la trame générale est plutôt bien menée, le livre souffre de multiples longueurs. L'auteur n'en finit plus de nous bassiner avec les états d'âme de Julian, de sa mère adoptive (Abigail) et du héros principal. Dans sa postface, John Hart affirme qu'il a failli abandonner ce roman en cours d'écriture, car "rien ne marchait comme il l'espérait". Et bien je peux vous assurer que cela se ressent à la lecture ! L'intrigue fait régulièrement du surplace, notamment quand Elena est de la partie. Ce personnage est un boulet absolu : belle mais égocentrique, elle ne comprend rien aux évènements qui se déroulent et ne pense qu'à son petit sort. Alors que son compagnon est confronté à de terribles dangers, elle passe son temps à pleurnicher et à lui demander s'il l'aime vraiment ! Le reste du temps, elle se touche le ventre, car voyez-vous, elle est enceinte, et quand on attend un bébé, on se touche forcément le ventre du matin au soir…


La plupart des personnages sont stéréotypés, et malgré leurs fêlures profondes, ils manquent d'épaisseur et s'avèrent bien trop superficiels. Michael est ainsi un gros dur au grand cœur prêt à donner des dizaines de millions de dollars à une femme qu'il ne connaissait pas quelques jours plus tôt, tandis que Jimmy est un pourri de chez pourri sans le moindre état d'âme. Le sénateur est quant à lui un milliardaire arrogant qui ne vit que pour le sexe et les prochaines élections : forcément, comme tout politicien américain qui se respecte, il trompe sa femme et possède un égo surdimensionné…


A 32 ans, et malgré son succès dans les librairies, Julian est un être faible qui se réfugie dans un monde imaginaire lorsqu'il est en proie à la panique : quand on lui parle, il ne répond pas, car il ne vous entend pas dans sa prison virtuelle… Bonjour le cliché ! Plus d'une fois, j'ai pesté contre des pages inutiles où l'auteur ressassait encore et encore les mêmes tourments internes de tel ou tel personnage. Et que dire de cette sorcière française crasseuse semblant sortie d'un roman de Victor Hugo ? Le double détenteur du prix Edgar Allan Poe est-il au courant que les Français ont l'électricité et l'eau courante, et qu'on ne vit plus dans des cabanes délabrées comme au Moyen Âge ?!!


Bref, je ne suis pas convaincu par les talents d'écriture de John Hart. Si l'intrigue de ce thriller noir réserve son lot de surprises, les personnages sont terriblement caricaturaux, et on ne parvient pas à s'attacher à eux malgré les efforts répétés de l'auteur.

chtimixeur
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le 28 mai 2015

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